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L'un et l'autre emportés


"D'amour et de douleur l'un et l'autre emportés,
Nous nous sommes précipités."
Psyché, V, 2, v. 1728-1729.

Les "deux parfaits amis" dont le roman Tarsis et Zélie (1665) de Le Vayer de Boutigny offrait l'exemple étaient également inséparables dans la mort :

"– Accordez à un frère ce dernier témoignage de votre amitié. Ne combattez point contre vous-même, pendant que chacun combat pour vous.
– Oui, mon frère, repartit Kion, et je puis faire encore davantage, si vous le voulez, puisque je puis vous conserver.
– Me conserver ! reprit Léonides. Ah ! c'est ce que nous ne pouvons faire ; et quand je serais assez lâche pour ne pas mourir avec vous, je mourrais infailliblement de regret et de honte de vous avoir vu mourir sans moi".

Il voulait continuer, mais le bourreau les interrompant, les avertit de se mettre en état ; et s'adressant à Léonides, il lui dit qu'il avait ordre de commencer par lui. Léonides en eut de la joie, songeant que ce serait toujours donner à Ariamène du temps pour secourir Kion. Il répondit qu'il était prêt, qu'il demandait seulement le loisir de donner à son frère les derniers embrassements, ce qu'on lui permit. "Adieu, trop généreux frère, lui dit-il, en le serrant étroitement, adieu". Mais Kion l'interrompant : "Ne me dites point adieu, reprit-il, je ne vous quitte point ; la mort, loin de nous séparer, va nous unir pour toujours". Léonides ne répondit que par un nouvel effort, pour l'embrasser encore plus tendrement ; et se démêlant d'entre ses bras : "O Lysimachus s'écria-t-il, conserve mon frère pour ton propre honneur ; ou tu vas détruire en un instant un miracle d'amitié, que la Nature ne saurait réparer en un siècle.
(éd. de 1720, p. 82)

Je ne doute point que l'amitié qui les avait si parfaitement unis pendant leur vie ne les ait réunis par leur mort.
(p. 97)




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