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L'on me dérobe encor la réputation


"On dérobe l'honnneur au pauvre Sganarelle,
Mais c'est peu que l'honneur dans mon affliction,
L'on me dérobe encor la réputation."
Le Cocu imaginaire, sc. XVI (v. 370-372)

Dans son "petit traité" "De la vaine présomption" (Nouvelle Suite des petits traités, 1659), La Mothe le Vayer avait défendu l'importance de la réputation :

Je ne suis pas néanmoins de l'opinion de ces austères, qui condamnent toute sorte de soins qu'on peut prendre de sa réputation, comme la chose du monde la plus ridicule et la plus frivole. [...] Quand il serait vrai que la bonne renommée n'eût pas toute la réalité que des personnes nées à la gloire se l'imaginent, pour le moins voyons-nous manifestement que les conséquences d'une mauvaise réputation sont telles qu'il n'y a rien de plus contraire à la vie civile ni au repos philosophique. [...] Tout exempt d'ambition qu'est l'homme sage, il ne méprisera jamais une honnête réputation, et bien loin de négliger ce qui peut la lui conserver, il perdra la vie comme l'hermine plutôt que de se diffamer et que d'intéresser notablement son honneur.
(Oeuvres, éd. de 1756, VII, 1, p. 94-96)

La plaisanterie était également utilisée dans le spectacle du Théâtre italien intitulé "Les Deux Arlequins", joué durant la décennie de 1660. Les notes de Domenico Biancolelli permettent de prendre connaissance d'un jeu de scène, au cours duquel Arlequin se fait lire la lettre suivante :

Mon cousin,
Je vous donne avis que votre père est mort (je me désespère, il me console). [...] Votre soeur est devenue fille de joie (je me remets à pleurer amèrement; il veut me consoler, je lui dis que j'aime cent fois mieux l'honneur que la réputation).
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 258)




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