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L'obstacle sacré d'un couvent


"Je ne comprends point, comme après [...] tant d'emportements qu'il a fait paraître, jusqu'à forcer dans sa passion l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance; je ne comprends pas, dis-je, comme après tout cela il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole"
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 1

Dans le sermon LIX (“De la luxure”) du Père Lejeune, la séduction d'une religieuse "par un enlèvement" est présenté comme un des pires péchés de luxure qu'on puisse commettre :

Ce monstre a sept têtes, ce sont les sept chefs par lesquels on peut pécher en ce genre de vice, sept circonstances qui n’augmentent pas seulement, mais qui changent l’existence de ce péché et qui lui donnent divers noms. On y peut offenser Dieu en sept manières, ou d’effet ou de volonté, et on est obligé de les expliquer en la confession :
1° simple fornication, quand c’est avec une personne qui n’a aucun lien de mariage ni de voeu
2° adultère, quand on commet ce péché ou qu’on a volonté de le commettre avec une personne mariée
3° stupre, avec une vierge
4° inceste, avec une parente
5° rapt, quand on prend par force ou que vous arrachez le consentement par des tromperies, des mensonges, des promesses ou des persuasions si puissantes qu’elles valent une contrainte
6° sacrilège se fait quand c’est une personne consacrée à Dieu par voeu solennel ou particulier
7° enfin le péché contre nature, qui est si abominable qu’on ne le nomme point et qui se commet quelquefois entre personnes mariées.
(Le Missionnaire de l'Oratoire, ou Sermons pour les avents, carêmes et fêtes de l'année par le P. Le Jeune, dit le P. aveugle, Toulouse, 1662, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. III, p. 681)

Le dévoiement de "choses saintes" au profit de la débauche suscite l'ire de Bourdaloue dans son sermon "Sur l'impureté" :

Je dis que c'est pour ce péché qu'on devient profanateur. L'aurait-on cru, si la même providence n'avait fait éclater de nos jours, ce que la postérité ne pourra lire sans en frémir ? aurait-on cru, dis-je, que le sacrilège eût dû être l'assaisonnement d'une brutale passion ? que la profanation des choses saintes eût dû entrer dans les dissolutions d'un libertinage effréné ? que ce qu'il y a de plus vénérable dans la religion eût été employé à ce qu'il y a de plus corrompu dans la débauche, et que l'homme, suivant la prédication d'Isaïe, eût fait servir son Dieu même à ses plus infâmes voluptés ? Verumtamen servire me fecisti in peccatis tuis, et laborem mihi praebuisti in iniquitatibus tuis.
(éd. de 1716, p. 117)




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