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L'humain le moins humain


"Le seigneur Harpagon est de tous les humains, l'humain le moins humain; le mortel de tous les mortels, le plus dur, et le plus serré. [...] Il n'est rien de plus sec et de plus aride, que ses bonnes grâces, et ses caresses."
L'Avare, II, 5

L'inhumanité de l'avarice est dénoncée, entre autres, dans

L'avarice, en un mot la convoitise des biens, est de toutes les passions celle qui dégrade le plus l'homme et qui l'assujettit plus absolument au démon. Pour quelles raisons ? Les voici : c'est qu'elle étouffe en l'homme, insensiblement et par degrés, premièrement tous les sentiments de l'humanité
[...]
L'avare fait son bonheur d'outrer la voracité des bêtes, allant toujours au-delà de ses besoins, et perdant insensiblement tous les sentiments d'humanité que la nature lui inspire. Quels sont ces sentiments ? ceux de la justice et de la pitié. Ces deux sortes de sentiments naissent avec l'homme et périssent en lui par l'avidité de l'argent.
[...]
On s'endurcit à tout à mesure qu'on s'enrichit. Non seulement on ne respecte plus ni les liens ni les droits du sang, mais même on ne les sent plus.Père, mère, alliés, parents, frère, ami : noms indifférents; veuve, orphelin : noms inconnus.
[...]
Est-ce avec cette dureté que votre coeur est sorti des mains de Dieu ? Est-ce pour cela qu'il vous a faits hommes ? Est-ce là l'effet de la raison qu'il vous a donnée au-dessus des animaux ?
(Sermon pour le lundi de la quatrième semaine de carême, "Sur l'avarice", Recueil des sermons sur les Évangiles du carême et sur plusieurs autres sujets, 1706, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. ?, p. 838-842)

Un des principaux effets de l'avarice est cette dureté de coeur qui ne veut point communiquer ses biens avec ceux qui en ont besoin.
(Sermon IV, "L'avarice détruite", Sermons pour tous les jours du carême, 1676, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. ?, p. 129)

Le prenez-vous pour un homme ? Il n'en a que la forme extérieure, c'est un sac d'argent, c'est un coffre-fort.
(Oeuvres de 1756, VI, 1, p. 248 LIEN)

De l’avarice

[…]
Saint Antonin écrit d’un autre avaricieux qu’étant sollicité par ses parents et amis de se confesser, il répondit : « Je n’ai point de cœur, comment voulez-vous que je me confesse ? et afin que vous ne pensiez pas que je rêve, allez à mon coffre et vous l’y trouverez, parmi mon or, auquel j’ai mis toute mon espérance » et il mourut là-dessus sans pénitence. Après sa mort on visita son coffre et ainsi qu’il avait dit, on trouva son corps au milieu de l’or.
(p. 98)




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