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L'air accommodé aux paroles


”-Cette Chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci, par-là. - Il faut, Monsieur, que l’Air soit accommodé aux Paroles.”
Le Bourgeois gentilhomme, I, 2.

La réponse du Maître de musique défend la prééminence des passions véhiculées par le texte sur la matière musicale, position traditionnelle expliquée par un Mersenne au début du siècle (1) qui peut s’opposer à une recherche plus novatrice théorisée par Pierre Perrin, qui recherche une alliance sensible du texte et de la musique (2).


(1)

il faut que l’harmonie et la mesure répondent à la lettre, par exemple, si le sujet est triste, il faut souvent user du demi-ton, de la Tierce mineure et de ses répliques; et s’il contient quelque chose de rude et de fâcheux, il faut se servir du ton du triton, de la Tierce, et Sexte majeure, de la Quarte syncopée, de l’unzième, et de la septième syncopée avec mouvements tardifs.
Marin Mersenne, Traité de l’harmonie universelle, 1627, livre 1er, théorème 23.

Je dis donc premièrement que c’est une règle infaillible pour les chants, qu’il faut suivre et imiter le mouvement de la passion à laquelle on veut exciter les auditeurs.
Marin Mersenne, Harmonie universelle, Livre second des chants, 1636, proposition V.

(2)

Et pour Commencer par la composition des paroles en général; j’ai cru que la fin du Poète lyrique était de donner lieu à une musique parfaite et accomplie, qui, pour enlever l’homme tout entier, touchât en même temps l’oreille, l’esprit et le coeur: l’oreille par un beau son, résultant tant des paroles que de la musique, l’esprit par un beau discours et par une belle composition de musique bien entreprise et bien raisonnée, et le coeur en excitant en lui une émotion de tendresse.
Pierre Perrin, “Avant-propos” du Recueil des Paroles de musique, 1669, éd. Louis Auld, 1986, t. 3, viii.




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