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L'affront que nous fait son manquement de foi


"Pourquoi voulez-vous, dis-je, en prenant une femme,
Qu'on soit digne à son choix de louange ou de blâme
Et qu'on s'ailler former un monstre plein d'effroi
De l'affront que nous fait son manquement de foi."
L'Ecole des femmes, IV, 8 (v. 1240-1243)

L'idée d'un déshonneur lié au cocuage est mise en cause dans Le Cocu imaginaire ("nous sommes les sots") et dès la première scène de L'Ecole des femmes ("ce sont coups du hasard, dont on n'est point garant").

Dans son essai III, 5 ("Des vers de Virgile"), Montaigne développe l'idée que la hantise du cocuage est une forme d'orgueil masculin déplacé :

Confessons le vray: il n'en est guere d'entre nous qui ne craingne plus la honte qui luy vient des vices de sa femme que des siens; qui ne se soigne plus (charité esmerveillable) de la conscience de sa bonne espouse que de la sienne propre; qui n'aymast mieux estre voleur et sacrilege, et que sa femme fust meurtriere et heretique, que si elle n'estoit plus chaste que son mary.[...]
Inique estimation de vices! Nous et elles sommes capables de mille corruptions plus dommageables et desnaturées que n'est la lasciveté; mais nous faisons et poisons les vices non selon nature, mais selon nostre interest, par où ils prennent tant de formes inegales. L'aspreté de nos decretz rend l'application des femmes à ce vice plus aspre et vicieuse que ne porte sa condition, et l'engage à des suites pires que n'est leur cause.




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