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L'Ecole des filles en dialogues


L’Escole des filles, Paris, Louis Chamhoudry, 1659 (106 pages). Réédité en 1672: L'Ecole des filles, en dialogues, Paris, Louis Chamhoudry (et se vendant à Avignon, chez Antoine Duperier).

Ce traité de morale anonyme se présente sous la forme de deux dialogues. Il est précédé de stances « Aux filles » signées "A.D.P". Sur la première page, le titre est L’Ecole morale des filles.

Dialogue premier : Parthénie, ou la fille à marier

Parthénie, jeune femme aimée de trois jeunes gens du voisinage, vient trouver Eudoxie, amie de sa soeur aînée, mariée depuis quelques années, pour recevoir d’elle des conseils: comment une fille honnête doit-elle se comporter avec les jeunes gens ?

Dialogue second : La fille qui veut demeurer fille [dans l'édition de 1672 : Néobise ou la fille qui ne veut point se marier]

Néobise refuse de se marier, car elle refuse toutes les pratiques des coquettes qui cherchent un mari. Thélosie, elle, a été mariée deux fois.

[Thélosie raconte ici à Néobise l’histoire de son premier mariage. Elle avait, à l’époque de ces événements, « quatorze-quinze ans ».]
[J’étais en pension dans un couvent des Ursulines, où je passais si doucement le temps que je n’avais aucune pensée d’en sortir, lorsqu’un jour ma mère me vint prendre dans son carrosse [...] Si tôt que je fus au logis, on m’obligea d’entretenir, ou plutôt de me laisser entretenir par un homme âgé d’environ 60 ans [...]. D’abord il me dit qu’il avait une affection très particulière pour moi, et qu’il s’estimerait le plus heureux de tous les hommes, si j avais la bonté de le croire, et de le considérer comme un homme qui n’avait point de plus forte passion que de me chérir éternellement […]. Je vous laisse à penser [...] combien je fus surprise d’entendre de semblables douceurs d’un homme pour qui je n’avais pas moins de respect que j’en aurais eu pour mon grand-père […].
Ma mère me dit [...] qu’il était fort riche, et qu’il me voulait épouser sans demander seulement combien on me donnait en mariage ; que mon père et elle m’avaient accordée de paroles, et qu’elle m’avait tirée de religion pour terminer cette affaire. […]
[Pour fléchir la jeune fille, on lui présente des tissus et des parures qui font naître en elle l’envie de les posséder.]
Comme j’étais fort jeune et que je n’avais jamais aimé, ni été aimée, il ne fut pas difficile de me persuader qu’un homme est toujours fort aimable quand il est fort riche.
(p. 156-162)

A peine y avait-il trois mois que je menais cette vie [...] que mon mari croyant que je serais moins exposée à la cajolerie dans sa maison de campagne, ou je n’aurais de commerce qu’avec des paysans et des valets de basse-cour, que dedans une ville, où la bienséance m’obligeait de recevoir beaucoup de monde, me fit quitter Paris pour le suivre dans le fond d’une province qui est assez éloignée, et où je n’avais aucune habitude.
Lorsque nous fûmes à la campagne, je commençai bientôt à m’apercevoir qu’il devint fort inquiet de voir que deux gentilshommes du voisinage lui rendaient de plus fréquentes visites qu’ils n’avaient accoutumés de lui rendre lorsqu’il n’avait point de femme. Un jour un de ces gentilshommes nommé Crisante, après m’avoir entretenu assez longtemps de choses indifférentes, vint à parler de la façon de vivre des filles qui sont dans les couvents, et comme je lui en eu dit mon sentiment et ce que j’en [eus ? avais ? vérifier texte] vu, il me répondit d’une manière si peu conforme à l’estime que j’avais pour ces sortes de personnes que je m’échauffai un peu à contester contre lui [...] de sorte que mon mari étant entré assez brusquement dans ma chambre au retour de la chasse, et m’ayant trouvée un peu émue, il se persuada que ce gentilhomme m’avait parlé de galanterie, et même que ce feu qui m’était monté au visage était un effet de celui que je ressentais dans le cœur [...] Si tôt que Crisante fut sorti, mon mari me dit d’abord que pour une fille élevée dans un couvent, je ne haïssais pas fort à être cajolée, et qu’il lui semblait que la conversation de ce fanfaron qui venait de sortir ne m’était pas fort désagréable : je lui répondis que je n’avais point appris dans le couvent à être incivile, et que je ne me serais jamais persuadée qu’il trouvât mauvais que je reçus bien des gens qu’ il m’avait lui-même amenés.
(p. 162-166)

[Ils rentrent à Paris, mais le barbon, malade, doit garder la chambre. Elle sort beaucoup, ce qui suscite la jalousie du mari. Il meurt, et elle se remarie.]

Ces dialogues présentent des affinités avec certains passages

"Voici votre portrait"

"aux choses du ménage"
"quand il faudra changer sa manière de vie"
"courir tous les bals et les lieux d'assemblée"
"qui joueront et donneront cadeaux"

"Femme qui compose en sait plus qu'il ne faut"
"dès quatre ans"
"je l'ai mise à l'écart"
"des gens tout aussi simples qu'elle"




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