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L'auteur des satires


"Ma gloire est établie, en vain tu la déchires.
– Oui, oui, je te renvoie à l'auteur des Satires.
– Je t'y renvoie aussi.– J'ai le contentement,
Qu'on voit qu'il m'a traité plus honorablement.
Il me donne en passant une atteinte légère
Parmi plusieurs auteurs qu'au Palais on révère;
Mais jamais dans ses vers il ne te laisse en paix,
Et l'on t'y voit partout être en butte à ses traits."
Les Femmes savantes, III, 3 (v. 1025-1031)

Cotin avait été pris à partie par Boileau dans les satires suivantes :

Jugez en cet état si je pouvais me plaire,
Moi qui ne conte rien ni le vin, ni la chère ;
Si l' on n'est plus au large assis en un festin,
Qu'aux sermons de Cassaigne, ou de l'abbé Cotin;
(p. 21)

Et que sert à Cotin la raison qui lui crie
"N'écris plus, guéris-toi d'une vaine furie" ;
Si tous ces vains conseils, loin de la réprimer,
Ne font qu' accroître en lui la fureur de rimer ?
Tous les jours de ses vers, qu'à grand bruit il récite,
Il met chez lui voisins, parents, amis en fuite.
Car lorsque son démon commence à l'agiter,
Tout, jusqu'à sa servante, est prêt à déserter.
(p. 60)

Sur un ton si hardi et sans être téméraire
Racan pourrait chanter au défaut d'un Homère ;
Mais pour Cotin et moi, qui rimons au hasard :
Que l'amour de blâmer fit poètes par art :
Quoiqu'un tas de grimauds vante notre éloquence,
Le plus sûr est pour nous, de garder le silence.
(p. 65)

Mais je veux que le sort, par un heureux caprice,
Fasse de vos écrits prospérer la malice,
Et qu'enfin votre livre, aille au gré de vos voeux,
Faire siffler Cotin chez nos derniers neveux.
(p. 67)

Mais lui qui fait ici le régent du Parnasse,
N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace.
Avant lui Juvénal avait dit en latin
Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cotin.
(p. 69)

Loin de les décrier, je les ai fait paraître ;
Et souvent, sans ces vers qui les ont fait connaître,
Leur talent dans l'oubli demeurerait caché.
Et qui saurait sans moi que Cotin a prêché ?
(p. 71)

C'est ainsi que Lucile appuyé de Lélie,
Fit justice en son temps des Cotins d'Italie,
Et qu' Horace jetant le sel à pleines mains,
Se jouait aux dépens des Pelletiers romains/
(p. 74)

Puisque vous le voulez je vais changer de style :
Je déclare donc : "Quinault est un Virgile
[...]
Cotin à ses sermons traînant toute la terre,
Fend les flots d'auditeurs pour aller à sa chaire.
(p. 75)

Vous aurez beau vanter le roi dans vos ouvrages,
Et de ce nom sacré sanctifier vos pages.
Qui méprise Cotin, n'estime point son roi,
Et n'a, selon Cotin, ni dieu, ni foi, ni loi.
Mais quoi ? Répondrez-vous : Cotin nous peut-il nuire ?
Et par ses cris enfin que saurait-il produire ?
Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas,
L'entrée aux pensions, où je ne prétends pas ?
(p. 75)

Ménage, quant à lui, était mentionné dans

Chapelain veut rimer, et c'est là sa folie.
Mais bien que ses durs vers d'épithètes enflés,
Soient des moindres grimauds chez Ménage sifflés :
Lui-même il s'applaudit, et d' un esprit tranquille,
Prend le pas au Parnasse au dessus de Virgile.
(p. 34)

Les allusions de Boileau sont commentées dans La Satire des satires (1669) de Boursault :

Mais Cotin, tu le sais, est en bien des endroits ;
Quand je lis quelquefois ses satires malignes,
Je rencontre Cotin presque à toutes les lignes;
Et mes yeux voltigeant de Cotin en Cotin,
Sans m'en apercevoir, je me trouve à la fin.
Apprends-moi quel endroit tu veux dire.
(sc. VI, p. 39-40)




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