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L'auteur des satires
- "Ma gloire est établie, en vain tu la déchires.
- – Oui, oui, je te renvoie à l'auteur des Satires.
- – Je t'y renvoie aussi.– J'ai le contentement,
- Qu'on voit qu'il m'a traité plus honorablement.
- Il me donne en passant une atteinte légère
- Parmi plusieurs auteurs qu'au Palais on révère;
- Mais jamais dans ses vers il ne te laisse en paix,
- Et l'on t'y voit partout être en butte à ses traits."
- Les Femmes savantes, III, 3 (v. 1025-1031)
Cotin avait été pris à partie par Boileau dans les satires suivantes :
- la satire III (Satires du sieur D***, 1666) :
- Jugez en cet état si je pouvais me plaire,
- Moi qui ne conte rien ni le vin, ni la chère ;
- Si l' on n'est plus au large assis en un festin,
- Qu'aux sermons de Cassaigne, ou de l'abbé Cotin;
- (p. 21)
- la satire VIII (Satires du sieur D***, 1669) :
- Et que sert à Cotin la raison qui lui crie
- "N'écris plus, guéris-toi d'une vaine furie" ;
- Si tous ces vains conseils, loin de la réprimer,
- Ne font qu' accroître en lui la fureur de rimer ?
- Tous les jours de ses vers, qu'à grand bruit il récite,
- Il met chez lui voisins, parents, amis en fuite.
- Car lorsque son démon commence à l'agiter,
- Tout, jusqu'à sa servante, est prêt à déserter.
- (p. 60)
- la satire IX (Satires du sieur D***, 1669) :
- Sur un ton si hardi et sans être téméraire
- Racan pourrait chanter au défaut d'un Homère ;
- Mais pour Cotin et moi, qui rimons au hasard :
- Que l'amour de blâmer fit poètes par art :
- Quoiqu'un tas de grimauds vante notre éloquence,
- Le plus sûr est pour nous, de garder le silence.
- (p. 65)
- Mais je veux que le sort, par un heureux caprice,
- Fasse de vos écrits prospérer la malice,
- Et qu'enfin votre livre, aille au gré de vos voeux,
- Faire siffler Cotin chez nos derniers neveux.
- (p. 67)
- Mais lui qui fait ici le régent du Parnasse,
- N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace.
- Avant lui Juvénal avait dit en latin
- Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cotin.
- (p. 69)
- Loin de les décrier, je les ai fait paraître ;
- Et souvent, sans ces vers qui les ont fait connaître,
- Leur talent dans l'oubli demeurerait caché.
- Et qui saurait sans moi que Cotin a prêché ?
- (p. 71)
- C'est ainsi que Lucile appuyé de Lélie,
- Fit justice en son temps des Cotins d'Italie,
- Et qu' Horace jetant le sel à pleines mains,
- Se jouait aux dépens des Pelletiers romains/
- (p. 74)
- Puisque vous le voulez je vais changer de style :
- Je déclare donc : "Quinault est un Virgile
- [...]
- Cotin à ses sermons traînant toute la terre,
- Fend les flots d'auditeurs pour aller à sa chaire.
- (p. 75)
- Vous aurez beau vanter le roi dans vos ouvrages,
- Et de ce nom sacré sanctifier vos pages.
- Qui méprise Cotin, n'estime point son roi,
- Et n'a, selon Cotin, ni dieu, ni foi, ni loi.
- Mais quoi ? Répondrez-vous : Cotin nous peut-il nuire ?
- Et par ses cris enfin que saurait-il produire ?
- Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas,
- L'entrée aux pensions, où je ne prétends pas ?
- (p. 75)
Ménage, quant à lui, était mentionné dans
- Chapelain veut rimer, et c'est là sa folie.
- Mais bien que ses durs vers d'épithètes enflés,
- Soient des moindres grimauds chez Ménage sifflés :
- Lui-même il s'applaudit, et d' un esprit tranquille,
- Prend le pas au Parnasse au dessus de Virgile.
- (p. 34)
Les allusions de Boileau sont commentées dans La Satire des satires (1669) de Boursault :
- Mais Cotin, tu le sais, est en bien des endroits ;
- Quand je lis quelquefois ses satires malignes,
- Je rencontre Cotin presque à toutes les lignes;
- Et mes yeux voltigeant de Cotin en Cotin,
- Sans m'en apercevoir, je me trouve à la fin.
- Apprends-moi quel endroit tu veux dire.
- (sc. VI, p. 39-40)
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