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Jouer de tout son reste


"[...] le jeu, fort décevant,
Pousse une femme souvent
A jouer de tout son reste."
L'Ecole des femmes, III, 3 (v. 793-795)

La plaisanterie est énoncée, à la même époque, par La Mothe le Vayer, dans son "homilie académique" "Des jeux" (1664) (1).

On la trouve également dans le Royaume de coquetterie de l'abbé d'Aubignac (1654) (2).

La même idée est exprimée dans La Famille sainte (1662) de Cordier (3).


(1)

Combien de dames, qui aujourd'hui ne jouent pas moins gros jeu que les hommes (je le dis à la honte de notre siècle, qui a produit ce désordre), combien, dis-je y en a-t-il qui ont voulu réparer leurs pertes immenses par celle de ce qui leur devait être plus cher que toute autre chose.
(La Mothe le Vayer Oeuvres, 1757, III, 2, p. 43)

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(2)

Les brelans y sont ouverts à toute sorte de personnes, où communément les femmes jouent à l' homme, et les hommes à la bête ; elles s' étudient toutes à bien jouer de la prunelle, et au quinola ; car elles ont conservé le reversis, bien qu' il soit aboli dans les provinces voisines. Ils y en a d' humeur si hautaine, qu' elles ne veulent jouer qu' à prime et à la triomphe ; et les autres qui veulent un jeu couvert, ne s' amusent qu' à jouer au moine. Elles engagent assez souvent les hommes à jouer des couteaux, des hauts-bois, au roi dépouillé, et de leur reste ;
(D'Aubignac, La Relation du royaume de coquetterie, p. 329)

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(3)

Les visites, quand elles sont trop fréquentes, marquent un esprit léger, et qui n'est point capable de s'entretenir : elles sont ordinairement suivies de beaucoup de fautes. Quelques jurisconsultes les accusent d'impudicité.
Que fait-on en ces visites ? On y joue, et le jeu nous dérobe souvent trois grands biens, l'argent, le temps, et la conscience.
(Cordier, La Famille sainte (1662), p. 239 et suiv. [numérotée 139])




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