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Je vous ferai punir
- "Ah traître, je vous ferai punir par la justice.
- - Ah par ma fi, Monsieu le Médecin, vous serez pendu, ne bougez de là seulement."
- Le Médecin malgré lui, III, 8
Dans sa "Lettre du 30 novembre 1669", Robinet raconte la mésaventure d'un faux médecin :
- Un Suppôt du sieur Hippocrate,
- Lequel s’éparpillait la rate
- A fourrager, en franc Gaillard,
- Les Femmes du Tiers et du Quart,
- Voulait ajouter sur la Liste
- L’Épouse aussi d’un Étuviste,
- À ce que l’on dit, son Voisin
- Et mêmes un peu son Cousin.
- L’Étuviste, instruit de sa flamme
- Pour sa propre et fidèle Femme,
- Pour s’en venger, médite un tour
- Qu’il met incontinent au jour.
- Sur une feinte maladie,
- À l’aller voir il le convie,
- Et lui, donnant et bien et beau
- Aveuglement dans le panneau,
- Ravi d’une occasion telle
- De rendre visite à la Belle,
- Il y va, lui tâte le pouls,
- Qu’il avait ému de courroux,
- Et, sans connaissance de cause
- (Ô combien, AB HOC et AB HAC,
- Et la Saignée et le Micmac,
- Nommé vulgairement Clystère,
- Qui, suivant l’usage ordinaire
- De la savante Faculté,
- Est le grand Remède usité,
- Comme on sait, en toute occurrence.
- Après cette docte Ordonnance,
- Le Baigneur prend aussi la main
- À son habile Médecin,
- Et lui tâtant le pouls de même :
- « Dieu ! quelle émotion extrême !
- » Que votre pouls est élevé !
- » Voilà ce que j’avais rêvé, »
- Lui dit-il, « que certaine fièvre
- » Dans votre sang faisait la mièvre.
- » Monsieur, vous êtes, bonne foi,
- » Un peu plus malade que moi,
- » Et je crois mêmes mieux connaître
- » (Quoi qu’en science un moins grand maître)
- » Votre grief, que vous le mien.
- » La cause, si j’en juge bien,
- » Procède d’amoureuse flamme
- » Dont vous brûlez pour une Dame,
- » Qui, vieillissant dans votre cœur,
- » Or, touché de votre Aventure,
- » De votre mal je fais la cure
- » Avant que vous sortiez d’ici. »
- Le MEDICUS, de peur transi,
- Prévoyant ce que voulait dire
- Par tel discours le jaloux Sire,
- Ne sachant que lui répartir,
- Essaya, plein de repentir,
- De gagner promptement la porte ;
- Mais, comme la chose on rapporte,
- Des Rustres qu’on tenait là prêts,
- Avecque des Houssoirs tous frais,
- Pensant se sauver, l’arrêtèrent
- Et de tous leurs bras l’étrillèrent,
- Avec un tel heureux Succès,
- Que de son amoureux Accès
- Il fut guéri, comme on peut croire.
- Mais voici le bon de l’Histoire :
- Il fait assigner le Baigneur
- En Réparation d’Honneur,
- Soutient que le Cas est inique
- Et fait contre la Foi publique,
- Et veut qu’en la Cause, dit-on,
- Il se fasse Intervention
- De toute la fameuse École, [L’École des Médecins.]
- Ce qui, certes, fournit un Rôle
- Assez plaisant et jovial
- Pour la Cause du Carnaval.
- Mais après cette Historiette,
- Parlons d’autres choses Musettes.
Voir aussi "par un enlèvement".
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