Content-Type: text/html; charset=UTF-8
Je vivais tout en vous
- "Je l'avouerai, mes yeux observaient dans les vôtres
- Des charmes qu'ils n'ont point trouvés dans tous les autres,
- Et le ravissement où j'étais de mes fers
- Les aurait préférés à des sceptres offerts:
- Oui, mon amour pour vous, sans doute, était extrême ;
- Je vivais tout en vous; et, je l'avouerai même,
- Peut-être qu'après tout j'aurai, quoique outragé,
- Assez de peine encore à m'en voir dégagé :
- Possible que, malgré la cure qu'elle essaie,
- Mon âme saignera longtemps de cette plaie,
- Et qu'affranchi d'un joug qui faisait tout mon bien,
- Il faudra me résoudre à n'aimer jamais rien ;
- Mais enfin il n'importe, et puisque votre haine
- Chasse un cœur tant de fois que l'amour vous ramène,
- C'est la dernière ici des importunités
- Que vous aurez jamais de mes vœux rebutés."
- Dépit amoureux, IV, 3 (v. 1301-1316)
Ce monologue s'inscrit parfaitement dans le ton des élégies qu’on peut lire dans les recueils de pièces galantes des années 1660. Ainsi :
- […] Je ne veux point ici vous vanter mes services
- Vous faire souvenir de tous mes sacrifices
- Que seule vous faisiez ma joie et mon bonheur
- Que seule vous étiez maîtresse de mon cœur
- […] Mais ne retraçons point ces soins ni ces tendresses
- Ils vous reprochent trop vos injustes faiblesses
- Et je sens que mon cœur, malgré tous ses mépris
- Garde encore du respect pour son ingrate Iris
- Et que, près d’expirer, sa flamme trop fidèle
- Fait de nouveaux efforts pour cette criminelle.
- (Seconde Partie du Recueil de pièces galantes en prose en et en vers de Madame La Comtesse de La Suze, Paris, Quinet, 1668, p. 95-99).
Sommaire | Index | Accès rédacteurs