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Je suis un pauvre homme
- "Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans".
- Don Juan ou le Festin de pierre, III, 2
Dans Le Festin de pierre de Dorimond (1) et dans Le Festin de pierre de Villiers (2) , Don Juan rencontre un pèlerin, qu'il dépouille de son habit, après lui avoir proposé de l'argent en échange.
Dans le scenario "Don Gile schiavo del demonio", on relève un peregrino qui est dévalisé par des bandits et par Don Gile (3)
(1)
- DOM JOUAN
- Que fais-tu dans ce lieu ?
- LE PÈLERIN
- Travaillé du chemin,
- J'y respire en repos un air doux et bénin.
- [...]
- DOM JOUAN
- Briguelle, cet habit me serait fort commode
- Pour n'être pas connu. [...]
- Mon ami, j'ai besoin de cet habillement :
- Pourrais-tu bien m'en faire un accommodement.
- LE PÈLERIN
- Cet habit-là, Monsieur ? [..]
- Il m'est cher, et pour vous il est trop peu de chose
- Puis, tout mon bien consiste en ce seul vêtement.
- DOM JOUAN
- Je te rendrai comptant, donne-le seulement.
- LE PÈLERIN
- Quoi ! Monsieur, voulez-vous user de tyrannie ?
- DOM JOUAN
- Ah ! donne-le, te dis-je.
- LE PÈLERIN
- Ah, prenez donc ma vie !
- DOM JOUAN
- Dans ma bourse, tiens, prends tout ce que tu voudras.
- [...]
- LE PÈLERIN
- Monsieur, jamais l'argent ne m'a donné d'envie,
- Je ne l'aimai jamais, et j'ai cette manie
- De vivre indifférent pour l'argent et pour l'or ;
- Et dedans cet habit je vois tout mon trésor.
- DOM JOUAN
- Sans plus me contester, pense à me satisfaire.
- Passe sous cet ormeau, évite ma colère.
- LE PÈLERIN
- Monsieur, considérez…
- DOM JOUAN
- Tes cris sont superflus ;
- Si tu chéris ton bien, ne me résiste plus.
- Viens, tu seras content ; et toi, fais diligence,
- Va promptement au port.
- (III, 3)
(2)
- DOM JUAN
- Quel homme vient ici me couper le chemin ?
- PHILIPIN
- Vous voilà bien troublé, c'est...
- DOM JUAN
- C'est ?
- PHILIPIN
- Un pèlerin.
- DOM JUAN
- En l'état où je suis chacun me fait ombrage,
- Avance, et va le voir si tu peux au visage.
- Je roule dans l'esprit un dessein, Philipin.
- PHILIPIN
- Monsieur.
- DOM JUAN
- Il faut avoir l'habit du pèlerin.
- [...]
- DOM JUAN
- Que faites-vous ainsi dans cette forêt sombre ?
- LE PÈLERIN
- De même que le corps est suivi de son ombre,
- Je suis, par des sentiers que me prescrit le Sort,
- L'infaillible chemin qui nous mène à la mort.
- [...]
- DOM JUAN
- J'ai nécessairement besoin de votre habit.
- LE PÈLERIN
- Mon habit ? songez-vous à ce que vous me dites ?
- DOM JUAN
- Sans employer le temps en de vaines redites,
- J'en ai besoin, vous dis-je, et quoi que vous fissiez,
- Vous me fâcheriez fort, si vous me refusiez.
- LE PÈLERIN
- Mon habit, quoi que fasse ici votre industrie,
- Ne se dépouillera jamais qu'avec ma vie.
- DOM JUAN
- Songez que je vous l'ai demandé par douceur,
- Qu'en ce moment j'en veux être le possesseur,
- Et qu'il n'est rien pour lui que je ne vous octroie.
- LE PÈLERIN
- Monsieur, vous perdez temps, car par aucune voie
- Vous ne pourrez tenter, ni le cœur, ni les yeux
- D'un homme qui ne craint que le courroux des dieux.
- DOM JUAN
- Ah ! c'est trop raisonner, et votre résistance...
- LE PÈLERIN
- Quoi ! vous me l'ôteriez avec violence ?
- [...]
- Non, non, l'argent, ni l'or,
- Ne m'ont jamais tenté.
- DOM JUAN
- Vous résistez encor ?
- Je vous donne le mien.
- LE PÈLERIN
- Mais il m'est inutile.
- DOM JUAN
- Je suis las de vous voir faire le difficile ;
- Que sert de contester ? car enfin je le veux.
- (III, 3)
(3)
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