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Je suis un démon


"Votre Majesté a beau dire, et M. le légat et MM. les prélats ont beau donner leur jugement, ma comédie, sans l'avoir vue, est diabolique, et diabolique mon cerveau; je suis un démon vêtu de chair et habillé en homme, un libertin, un impie digne d'un supplice exemplaire. Ce n'est pas assez que le feu expie en public mon offense, j'en serais quitte à trop bon marché; le zèle charitable de ce galant homme de bien n'a garde de demeurer là: il ne veut point que j'aie de miséricorde auprès de Dieu, il veut absolument que je sois damné, c'est une affaire résolue."
Le Tartuffe, Premier Placet

Dans le "discours Xe" ("Relation à Ménandre dans laquelle l'auteur rend compte de ses disgrâces") de ses Oeuvres diverses (1658), Guez de Balzac se prétend victime d'un semblable médisant :

Il m'appelle exécrable, détestable, abominable ; et me donne pour épithètes ordinaires, quatre ou cinq de ces vilaines Rimes, dont le seul son pourrait effrayer les bonnes gens, et mettre l'alarme en mon Voisinage. Il fait de moi un Impie, un Ennemi du genre humain, un Corrupteur de la Jeunesse, un Perturbateur du repos public, un Criminel de lèse-majesté divine et humaine. Outre cela, afin d'éviter, à mon avis, la répétition des mêmes termes, et de changer la face de son discours, il me traite d'Infâme, de Profane, d'Epicurien, de Néron, de Sardanapale. Sa colère passe plus avant : Elle va jusqu'à Furieux et jusqu'à Démoniaque. Et quand quelquefois il veut s'adoucir, et apporter du tempérament à la violence de son esprit ; après que la grande Emotion est passée, et qu'il semble que le Calme soit revenu, pour se réconcilier avec moi, il dit que je suis un Sot et un Ignorant.
(éd. de 1664, p. 188)

(voir également "trente ans des yeux et des oreilles")




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