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Je ne puis m'anéantir


"Et peux-tu faire enfin, quand tu serais démon,
Que je ne sois pas moi? que je ne sois Sosie? [...]
N'importe, je ne puis m'anéantir pour toi;
Et souffrir un discours, si loin de l'apparence.
Être ce que je suis, est-il en ta puissance?
Et puis-je cesser d'être moi?"
Amphitryon, I, 2, v. 414-426

Les propos de Sosie sont inspirés par ceux de son homologue dans l'Amphitruo de Plaute :

Tu me vivos hodie numquam facies quin sim Sosia. Certe edepol tu me alienabis numquam quin noster siem;
Tu ne saurais faire d'aujourd'hui que je ne sois point Sosie. Certainement, il ne faut pas que tu prétendes jamais de m'aliéner de moi-même. Je serai toujours moi-même.
(v. 388-399; trad Marolles, 1658, p. 21)

Mais ils font également écho à une passage des Méditations (1641) de Descartes :

Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n’y a donc point de doute que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose.
("Méditation seconde")

Les arguments cartésiens sont réfutés dans le "Liber secundus" ("In quo cartesiana philosophandi methodus, atque de rerum principiis opinio proponuntur et refelluntur") du De principiis rerum (1669) de Guillaume Lamy (voir également "crever un oeil" et "une vertu sympathique").




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