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Je ne dis pas cela


"Est-ce que vous voulez me déclarer, par là,
Que j'ai tort de vouloir...
- Je ne dis pas cela :
Mais je lui disais, moi, qu'un froid écrit assomme,
Qu'il ne faut que ce faible, à décrier un homme ;
Et qu'eût-on, d'autre part, cent belles qualités,
On regarde les gens, par leurs méchants côtés
- Est-ce qu'à mon sonnet, vous trouvez à redire?
- Je ne dis pas cela ; mais, pour ne point écrire,
Je lui mettais aux yeux, comme dans notre temps,
Cette soif a gâté de fort honnêtes gens.
- Est-ce que j'écris mal ? et leur ressemblerais-je ?
- Je ne dis pas cela ; mais, enfin, lui disais-je,
Quel besoin, si pressant, avez-vous de rimer ?"
Le Misanthrope, I, 2, v. 351-362

Dans Le Roman comique (1651/1657) de Scarron, Mme Bouvillon usait également, trois fois de suite, de cette même réplique :

- J'irai ouvrir, s'il vous plait, lui répondit Destin
- Je ne dis pas cela, répondit la Bouvillon en l'arrêtant, mais vous savez bien que deux personnes seules de notre sexe enfermées ensemble, comme elles peuvent faire ce qui leur plaira, on en peut aussi croire ce que l'on voudra.
- Ce n'est pas des personnes qui vous ressemblent que l'on fait des jugements téméraires, lui répartit Destin.
- Je ne dis pas cela, dit la Bouvillon ; mais on ne peut avoir trop de précautions contre la médisance.
- Il faut qu'elle ait quelque fondement, lui répartit Destin ; et pour ce qui est de vous et de moi, on sait bien le peu de proportion qu'il y a entre un pauvre comédien et une femme de votre condition. Vous plait-il donc, continua-t-il, que j'aille ouvrir la porte ?
- Je ne dis pas cela, dit la Bouvillon, en l'allant fermer au verrou.
(éd. de 1835, p. 168)




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