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Je n'ai pas songé à vous donner un peu de collation
- "Je vous prie de m'excuser, ma belle, si je n'ai pas songé à vous donner un peu de collation avant que de partir."
- L'Avare, III, 7
L'incompatibilité de l'avarice et de la vie mondaine avait été soulignée dans la seconde partie (1661) de l'Almahide des Scudéry, à propos de la question des faveurs accordées à la femme aimée :
- L’avarice étant le défaut universel de tous les vieillards, et la libéralité la qualité la plus nécessaire à un amant, et la plus essentielle, il ne faut point parler de présents, de bals, ni de collations ; de ballets, ni de comédies ; ni de tous ces autres divertissements, qui demandent de la dépense : et c’est à dire qu’il faut qu’une dame renonce à tous les plaisirs, pour une conversation qui n’en donne point. Comme la figure magistrale a de la sévérité, son humeur en a aussi : il fait des leçons de morale à sa maîtresse, au lieu de lui faire des discours d’amour : il est son censeur comme son amant, et toujours son importun, quoi qu’il die et quoiqu’il fasse.
- (Suite de la 2e partie, 1661, t. II, p. 1757)
Charles Cotin l'avait rappelé dans un madrigal de ses Œuvres galantes (1663) :
- A un Amant avare.
- Quand on ne donne rien, que sert la qualité ?
- Ne soyez donc pas irrité
- De voir que Dorinde vous fuie :
- Autrefois le maître des dieux
- N’eût pas rendu son amour précieux,
- S’il n’eût épandu l’or, comme il épand la pluie.
- (p. 397)
La collation fait précisément partie des formes sociales de la vie mondaine, comme en témoigne la fréquence de ses occurrences dans le Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry.
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