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Je connus le change


"Mais à terre, mon cher, je n'eus pas jeté l'oeil,
Que je connus le change [...]."
Les Fâcheux II, 6 (v. 561-562)

L'une des ruses du cerf poursuivi est de débusquer un autre groupe de cerfs et de courir avec eux, pour semer la confusion parmi les poursuivants. Une situation semblable est décrite dans le poème de Gauchet :

Pour nous donner le change, il retourne sur soi,
Où cherchant les taillis, d'autres cerfs il s'accoste,
Et les chasse devant, à celle fin il s'ôte,
De la fureur des chiens et, pour ne point mourir,
L'un d'eux fera s'il peut à sa place courir.
Et pour ce, il suit la harde importun, et demeure
S'il la voit demeurer ; par l'espace d'une heure
Point il ne l'abandonne, afin, par ce moyen,
Qu'il puisse retarder le chasseur, et le chien.
Après cette grand' ruse, il refuit de vitesse
Et cette harde aux chiens à sa place il délaisse,
Qui, s'ils passent leur droit, il pourra bien avant,
Loin devancer les chiens ; mais le veneur savant
Les doit rompre, s'il peut ; car si son cerf il passe,
En grand peine ce jour fera-t-il bonne chasse
Mais bien s'il aperçoit la meute départir
En deux bandes ou trois, ce le doit avertir
Que le cerf se départ du change et l'abandonne ;
Lors il faut quelque peu qu'aux chiens de crainte il donne,
Afin qu'en cet endroit ils ne puissent donner
Le change. Que s'il oit les plus sages mener
Il doit aller à eux, et voir parmi la place,
Si c'est son cerf ou bien quelque change qui passe ;
Si c'est son droit, il doit de la trompe appeler,
Faire approcher les chiens et tous les faire aller
A ceux qui dressent bien, en jetant des brisées,
Qu'il doit avoir aux mains par toutes les passées.
(p. 200-201)




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