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J'entends que la mienne vive à ma fantaisie


"Mais j'entends que la mienne
Vive à ma fantaisie, et non pas à la sienne"
L'Ecole des Maris, I, 2 (v. 115-116)

La question de la sujétion des femmes à leur époux est discutée dans la cinquième partie (1660) de la Clélie de Madeleine de Scudéry (1).

Le principe est prôné dans tout un courant de pensée traditionnel qui se fonde sur Saint Paul. On trouve cette idée par exemple dans

L'humour misogyne sur ce thème est également exploité dans Le Dépit Amoureux ("Ainsi que la tête est comme le chef du corps") et dans L'Ecole des femmes ("son seigneur et son maître").


(1)

Cloranisbe, ne voulant pas passer pour un mari jaloux, répondit que Lysonice était maîtresse de ses actions, et qu'elle pouvait faire ce qu'il lui plairait.
"- J'ai toute ma vie si peu su par expérience, répliqua-t-elle, ce que c'est que faire sa volonté, que je ne sais si je dois commencer de l'apprendre, de peur que si je la faisais une fois, je ne la voulusse faire toute ma vie. Ce n'est pas, ajouta-t-elle, que j'accuse Cloranisbe, mais c'est que toutes les femmes en général, sont exposées à ce malheur-là, et qu'une partie de leur vertu, consiste pour l'ordinaire, à n'avoir point d'autre volonté que celle de ceux à qui la bienséance les assujettit.
- Il est vrai, dit Pasilie, que nous naissons avec la nécessité d'obéir presque toujours et de ne commander jamais.
[...]
Pendant que Lysonice parlait ainsi, Cloranisbe était allé montrer à un parent du prince, un très beau cheval dont il avait envie, si bien que Lysonice parlait avec liberté de la sujétion des femmes.
"Ce n'est pas, disait-elle que j'en parle avec chagrin, parce que je voudrais beaucoup de choses que je ne fais pas, mais seulement parce qu'en effet il y a quelque sorte d'injustice d'être éternellement asservies.
- Je trouve cette loi-là aussi dure que vous, reprit Pasilie, mais je confesse à la honte de mon sexe, que souvent les femmes usent si mal de la liberté quand on la leur donne tout entière, que la folie de quelques unes, excuse en quelque sorte, la servitude de toutes les autres."
(Clélie, Cinquième partie, 1660, p. 795)

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(2)

comme le monde ne peut souffrir deux soleils, de même la famille ne peut avoir deux maîtres. Si la puissance souveraine était partagée, la division y ferait naître la jalousie, qui est la ruine de tous les gouvernements.
Pour en arriver là il faut que la femme ajuste sa volonté à celles de son mari : qu'elle seconde tous ses desseins ; qu'elle unisse ses forces avec les siennes, et qu'en tout où Dieu ne sera point offensé, elle reçoive les ordres de son mari comme des arrêts du Ciel.
(Jean Cordier, La famille sainte,1643, p.246)

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(3)

En effet la qualité de chef qui est propre au mari et qu'il porte même à l'égard de sa femme, fait assez connaître que c'est à lui à veiller sur ses actions, à gouverner par la prudence toute la famille, et à donner ses ordres pour la conduite de tous les membres qui la composent. [...] Car l'homme, selon l'Apôtre, est le chef de la femme (Lire la suite...)
(Varet, De l'éducation des enfants, p.152-153)

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(4)

Le mari doit être le maître de la femme, non comme on serait le maître d'une chose que l'on possèderait ; mais comme l'âme l'est du corps, dont tous les sentiments lui sont communs, et avec lequel elle est lié d'une étroite amitié. De même donc que l'âme a soin du corps sans toutefois condescendre à ses dérègelements ni aux désordres de ses passions, ainsi le gouvernement du mari doit être un gouvernement de consolation, de joie et d'amitié.
(Courtin, Traité de la jalousie, 1674, p.52-53)

Quelle doit être la soumission des femmes
D'autre côté il n'entend pas parler à l'égard des femmes mariées de quelque légère soumission, mais d'une soumission parfaite, et en tout ce qui peut regarder la conduite de la famille du mari dont elles font partie : en sorte que dans cette société il n'y ait qu'une seule volonté qui soit celle du mari, deux volontés différentes ne pouvant former d'union : et qu'ainsi, pour le dire encore une fois, le mari ne commandant rien à la femme que de raisonnable, rien que de conforme au pouvoir que Dieu lui a donné, et à l'amour parfait qu'il lui commande d'avoir pour elle ; Et elle de son côté lui étant obéissante et soumise selon Dieu en toutes choses et sans réserve, ils forment ensemble ce tout admirable, qui de deux ne fait qu'un dans le mariage.
(Ibid., p. 72-73)

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(5)

Le respect de la femme doit passer jusqu’à l’obéissance que saint Paul recommande si ponctuellement aux Chrétiens ; Que les femmes, dit ce saint, rendent du respect et de l’obéissance à leurs maris comme au Seigneur duquel ils représentent l’autorité à leur égard ; l’homme est le chef de la femme, dit cet Apôtre, comme Jésus-Christ est le chef de l’Eglise qui est ce corps admirable, auquel il donne la vie et le mouvement. Donc comme l’Eglise est sujette à Jésus-Christ, il faut que les femmes soient sujettes en toutes choses à leur époux, tout ce discours est du saint Esprit par la bouche du grand saint Paul.
(Le Saint Mariage, ou Instructions chrétiennes, qui apprennent aux personnes mariées à vivre saintement et heureusement dans cet état, par un Religieux de l’Ordre de Saint François, Paris, Pierre de Bats, 1682p. 121-122).

La femme sage considère qu’elle doit être toute sa vie avec un mari, qu’elle doit passer les jours et les nuits en sa compagnie, elle considère qu’il est son maître, partant qu’elle doit prendre ses couleurs, si elles ne sont point contraires à celles de Jésus-Christ.
(Ibid., p. 150-151)

Une femme vertueuse et de bonne humeur n’est pas incommodée pour obéir et s’accommoder aux humeurs de son mari.
(Ibid., p. 156)

Sainte Monique disait aux femmes qui se plaignaient de leurs maris ; Souvenez-vous que dès le moment que vous vous êtes assujetties à vos maris, vous les avez pris pour vos chefs et vos seigneurs, vous vous êtes obligées en cette qualité à les respecter et endurer de leurs humeurs, à les gagner par douceur, par patience, modestie, et par le silence. Saint Pierre leur donnait pour modèle Sara, laquelle quoique si belle et si vertueuse ne laissait point d’appeler son mari son Seigneur, de lui obéir, et de le suivre partout.
(Ibid., p. 155-156).

La femme est obligée d’obéir en toutes choses à son mari, pourvu que Dieu n’y soit point offensé : saint Paul recommande cette grande obéissance quand il dit, Que les femmes soient soumises et sujettes à leurs maris comme à Jésus-Christ : in omnibus, dit cet apôtre, en tout temps, en tous lieux, et en toutes choses aisées et difficiles […].
(Ibid., p. 157)




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