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J'admire partout vos vers


"Je ne sais du moment que je vous ai connu,
Si sur votre sujet j'ai l'esprit prévenu,
Mais j'admire partout vos vers et votre prose."
Les Femmes savantes, III, 2 (v. 838-840)

Ce type de louanges fait l'objet d'un commentaire dépréciatif de la part de La Mothe le Vayer dans son "petit traité" "De la composition des livres" (Opuscules ou Petits Traités, 1643) :

Il n'en est pas de même d'un autre abus dont se sont plaints les Anciens, et que je pense qu'on peut encore reprocher aujourd'hui à la plupart de ceux qui récitent leurs ouvrages. C'est d'avoir fait trop d'état des louanges qu'on leur donnait dans ces récitations, ce qui a causé et causera toujours un très notable préjudice à la véritable éloquence. Nihil aeque et eloquentiam, et omne aliud studium auribus deditum vitiavit, quam popularis assentio, dit Sénèque dans une de ses épîtres. Car, comme ces assemblées où l'on récite ne sont guère composées que de personnes qui veulent obliger celui qui parle, il se voit presque toujours qu'on y rend à tous indifféremment les mêmes louanges qui ne sont dues qu'aux hommes de plus haut mérite. Juvénal confesse que c'est une chose qui arrivait assez souvent chez Julius Fronto :
Expectas eadem a summo minimoque poeta.
Et je ne doute point que l'on pratique tous les jours dans ces lieux de lecture ou de récit, ce que Pline blâmait si fort aux causes centumvirales de son temps, où les moindres déclamateurs recevaient ordinairement les plus grands applaudissements.
(éd. des Oeuvres de 1756, II, 2, p. 72-73)




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