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Inclination


"Après cela viennent les aventures, les rivaux qui se jettent à la traverse d'une inclination établie."
Les Précieuses ridicules, sc. IV

"N'auriez-vous point quelque secrète inclination, avec qui vous souhaiteriez que votre père vous mariât ?"
L'Amour médecin, I, 3

"J'ai une grande inclination pour la fille."
Le Mariage forcé, sc. V

"En de telles occasions l'inclination d'une fille est une chose sans doute où l'on doit avoir de l'égard"
L'Avare, I, 5

"Ma fille, j'ai voulu me séparer de tout le monde pour vous entretenir, et je veux que vous ne me cachiez rien de la vérité. N'auriez-vous point dans l'âme quelque inclination secrète que vous ne voulez pas nous dire? "
Les Amants magnifiques, IV, 1

"De grâce, ne précipitez pas les choses. Donnez-nous au moins le temps de nous connaître, et de voir naître en nous l'un pour l'autre, cette inclination si nécessaire à composer une union parfaite. "
Le Malade imaginaire, II, 6

La notion d'inclination est essentielle dans le vocabulaire amoureux de la littérature galante.

Elle est définie et commentée à plusieurs reprises dans la Clélie (1654-1661) de Scudéry

Pour moi, dit Aurélie, je suis persuadée que ce qu'on appelle bien souvent inclination, ne l'est pas: et que la raison pour laquelle on penche toujours plus d'un côté que d'autre, est qu'il ne se peut jamais trouver une si grande égalité entre les personnes qu'on connaît, ou dont l'on entend parler, qu'il ne s'y trouve quelque différence. De sorte que comme c'est le propre de l'esprit de discerner, et de choisir, il cherche effectivement toujours à faire choix de ce que le coeur doit aimer: ainsi on donne très souvent à une inclination aveugle, ce qui est le véritable effet d'une lumière fort clairvoyante.
[...] Il y a sans doute beaucoup d'esprit à ce que vous dites, reprit Célère, mais cela n'empêche pas que je ne sois persuadé, que l'inclination est une chose effective, où la raison veut une chose, et notre inclination une autre: et qu'encore que nous connaissions que ce que nous aimons soit moins aimable que ce que nous aimons pas, nous ne laissons pas de l'aimer [...]
(Partie I, Livre I, p. 70-71)

[...]je crois que ce qui m'asurerait le plus de l'affection d'un homme, serait de voir que celle qu'il aurait pour moi forcerait quelque inclination naturelle qu'il aurait, et qu'il aurait fortement.
(Partie II, Livre II, p. 1166.)

[...] [Plotine] pourquoi m'accusez vous de me laisser préoccuper à mon inclination? N'est-il pas vrai, répliqua Lucie, que je vous ai ouï dire cent fois, que vous ne pourriez jamais souffrir l'affection d'un homme qui aurait été inconstant [...]
(Partie V, Livre II, p.970.)

[...] jusqu'à cette heure Lycaste n'avait pas fait autre chose que commencer d'aimer; à peine son coeur penchait-il d'un côté, qu'il était entraîné de l'autre par quelque nouvelle inclination [...]
(Partie V, Livre II, p. 973-974.)

Elle fait l'objet de la CXIXe conférence ("De l'amour d'inclination") publiée au tome IV (p. 308 et suiv.) du Recueil général des questions traitées ès conférences du bureau d'adresse (1666).

L'"amour d'inclination" est enfin désigné comme le véritable amour dans le roman Alcidamie (1661) de Mlle Desjardins, triomphant du "discernement":

Mais pour ce qui me semble de ces tableaux, je trouve qu'il n'y a que celui qui représente l'Amour d'Inclination, qui se puisse véritablement appeler un portrait de l'Amour; car à mon sens c'est le seul qui mérite ce nom, et les autres ne sont à proprement parler, que d'agréables fictions. […] En effet l'Amour d'Inclination, est le seul qui se peut proprement nommer Amour, et donner des plaisirs tendres et touchants. Cette manière d'aimer, forme une certaine disposition à se vouloir du bien, qui fait qu'on s'aime sans s'être vus, et qu'on s'adore quand on se voit: elle engendre la complaisance; on veut les mêmes choses, on les exécute de même manière, jamais l'aigreur et la contradiction ne se mêlent dans un commerce que la sympathie établit; et c'est en quelque sorte exécuter les ordres de la Providence, que d'aimer de cette manière. Mais, Seigneur, interrompit Lisicrate, ne songez-vous point que cet amour d'Inclination, que vous estimez tant, est aussi bien à l'usage des gens du monde les plus stupides, qu'à celui d'un fort honnête homme; car enfin les yeux et le discernement n'ont aucune part dans l'amour d'Inclination: L'on aime, parce qu'on ne peut s'empêcher d'aimer, et tel est passionnément amoureux, qui n'en saurait donner d'autre raison, que celle qui porte un animal à choisir les bêtes de son espèce. Mais, Lisicrate, interrompit Haly, vous ne songez pas quand vous parlez de cette sorte, que pourvu que le cœur soit content, et qu'il trouve le lieu de son repos, il doit être indifférent de savoir ce qui le rend heureux; que m'importe, si mes yeux et mon discernement trouvent une personne belle, pourvu que mon cœur la trouve aimable?
(Ière partie, livre II, édition de 1720, p. 178-181)



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