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Ils ne sauraient louer


- Voilà comme l’on fait, c’est le style des hommes,
Ils sont impertinents dans leurs comparaisons.
- Ils ne sauraient louer, dans le siècle où nous sommes,
Qu’ils n’outragent les plus grands noms.
Psyché, Prologue, vv.120-123

Les premiers vers de l'"Epître au roi" (1668) de Boileau avaient déjà mis en cause les louanges maladroites que ses prédécesseurs faisaient de la majesté royale :

Ce n’est pas qu’aisément, comme un autre, à ton char
Je ne pusse attacher Alexandre et César ;
Qu’aisément je ne pusse, en quelque ode insipide,
T’exalter aux dépens et de Mars et d’Alcide,
Te livrer le Bosphore, et, d’un vers incivil,
Proposer au sultan de te céder le Nil ;
Mais, pour te bien louer, une raison sévère
Me dit qu’il faut sortir de la route vulgaire ;
Qu’après avoir joué tant d’auteurs différents,
Phébus même auroit peur s’il entrait sur les rangs,
Que par des vers tout neufs, avoués du Parnasse,
Il faut de mes dégoûts justifier l’audace ;
Et, si ma muse enfin n’est égale à mon roi,
Que je prête aux Cotins des armes contre moi.
Est-ce là cet auteur, l’effroi de La Pucelle,
Qui devait des bons vers nous tracer le modèle,
Ce censeur, diront-ils, qui nous réformoit tous ?
Quoi ! ce critique affreux n’en sait pas plus que nous ?
N’avons-nous pas cent fois, en faveur de la France,
Gomme lui dans nos vers pris Mempbis et Byzance,
Sur les bords de l’Euphrate abattu le turban,
Et coupé, pour rimer, les cèdres du Liban ?
De quel front aujourd’hui vient-il, sur nos brisées,
Se revêtir encor de nos phrases usées ?




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