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Il prend Georges Dandin pour Claudine


"[Lubin]"prend Georges Dandin pour Claudine. [...] il baise la main de Dandin.
Georges Dandin, III, 3

Le jeu de scène de quiproquo nocturne, donnant lieu à un baisemain mal adressé, avait déjà été mise en oeuvre par la troupe de Molière, dans la comédie de L'Embarras de Godard ou l'Accouchée (1667) de Donneau de Visé, jouée dix-huit fois entre 1667 et 1668 :

CLEANTE, prenant la main de Paquette et la baisant
Oui, ma chère Isabelle,
Je vous aime.

PAQUETTE, bas.
Laissez le galant sans chandelle...

CLEANTE, sentant que Paquette lui serre la main
O douceurs, ô transports qu'on ne peut exprimer !

A Isabelle, qui le tire du côté où était Paquette
Laisse-moi là, de grâce, va-t-en rallumer
Ta chandelle.

ISABELLE
Il me prend pour Paquette, sans doute.
(sc. I, p. 6)

Il figurait également, sous une forme légèrement différente, dans le spectacle italien "Le Coeur me fait mal", joué au Palais-Royal durant les années 1660, ainsi que le révèlent les notes de l'Arlequin Biancolelli traduites par Gueulette :

Je fais entrer ma femme et je la suis. Trivelin dit : "Par où est-il sorti ? Diamantine va revenir". Et entendant marcher et croyant que c'est ma femme, il dit : "viens, ma chère Diamantine, viens que je t'embrasse"; il vient effectivement pour m'embrasser, et voyant qu'il s'est trompé, il s'enfuit.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 170)

Ainsi que dans la comédie des Grisettes (1671) de Champmeslé :

CRISPIN, s'adressant à Griffaut

[...] holà,
Où diable êtes-vous donc, la belle ? Ah, vous voilà !
Digne objet de mes yeux, pour nous prouver ma flamme,
Je vous donne en présent, et mon corps et mon âme,
Dans ma principauté, prêt à vous épouser,
Je veux vous enlever, permettez qu'un baiser...
(Scène dernière, p. 37)




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