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Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise


"- Quelle est ton occupation parmi ces arbres? - De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose. - Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise. - Hélas, Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde. - Tu te moques; un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d'être bien dans ses affaires. - Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n'ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents. - Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins."
Don Juan ou le Festin de pierre, III, 2

Un bon mot semblable, attribué à Malherbe, figure

Quand les pauvres lui disaient qu'ils prieraient Dieu pour lui, il leur répondait qu'ils ne croyaient pas qu'ils eussent grand crédit envers Dieu, vu le mauvais état en quel il les laissait en ce monde.
(p. 15) (1)

Quand les pauvres lui disaient qu'ils prieraient Dieu pour lui, il leur répondait «qu'il ne croyait pas qu'ils eussent grand crédit auprès de Dieu, vu le pitoyable état où il les laissait, et qu'il eût mieux aimé que M. de Luynes ou M. le Surintendant lui eussent fait cette promesse».
(REF)

L'argument de l'efficacité des prières témoignant de l'existence de Dieu est examiné dans le dialogue "De la divinité" de La Mothe le Vayer (Cinq dialogues à l'imitation des Anciens, s. d.) :

Il se servent de ce consentement de toutes les nations, lesquelles servent les dieux et leur adressent leurs prières de toute ancienneté, ce qui montre bien qu'elles sont ouïes et exaucées, pource qu'autrement il n'y a point d'apparence qu'on les eût voulu continuer, non in hunc furorem profecto mortales consensissent, alloquendi surda numina et inefficaces deos, nisi nossent illorum beneficia. Ainsi, outre les exemples innombrables des histoires passées, nous avons tous les jours tant de témoignages de leur manifeste indignation ou assistance, qu'il semble qu'il y ait trop de brutalité à ne pas les reconnaître.
(éd. de 1716, p. 364)


(1) Source : A. Counson, "La critique d'Alceste", Revue d'Histoire Littéraire de la France, XVIII (1911), p. 350.




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