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Idolâtrer en vous la beauté souveraine


"J'ai vu tous les mortels séduits par vos beautés
Idolâtrer en vous la beauté souveraine"
Psyché, acte IV, scène 5, vv. 1601-1602.

Le transfert sacrilège de l’adoration divine vers la dame était déjà mis en scène par Théophile de Viau :

L’autre jour inspiré d’une divine flamme,
J’entrai dedans un temple où tout religieux,
Examinant de près mes actes vicieux,
Un repentir profond fait soupirer mon âme.
Tandis qu’à mon secours tous les Dieux je réclame,
Je vois venir Philis. Quand j’aperçus ses yeux
Je m’écriai tout haut : ce sont ici mes Dieux.
Ce temple et cet autel appartient à ma dame.
(Œuvres, édition de 1623, p.329)

Dans ce temple, où ma passion
Me mit dedans le cœur les beautés de ma Dame,
Je bannissais l’Amour, encore que sa flamme,
Détournât ma dévotion.
Au lieu de penser à nos Dieux,
J’adorais en vous voyant l’image de Diane,
Et m’estimais heureux de devenir profane,
En me consacrant à vos yeux.
(Œuvres, édition de 1662, p. 180)

Le thème est également exposé par Pierre Corneille dans Andromède, 1650:

PHINÉE.
Qu'entre eux-mêmes ces dieux se montrent donc d'accord.
Quelle crainte après tout me pourrait y résoudre?
S'ils m'ôtent Andromède, ont-ils quelque autre foudre?
Il n'est plus de respect qui puisse rien sur moi ;
Andromède est mon sort, et mes dieux, et mon roi.
Punissez un impie, et perdez un rebelle;
Satisfaites le sort en m'exposant pour elle;
J'y cours : mais autrement je jure ses beaux yeux,
Et mes uniques rois, et mes uniques dieux…
(acte II, scène 4)




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