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Humble serviteur Bobinet


Que désire Madame la comtesse d'Escarbagnas de son très humble serviteur Bobinet?
La Comtesse d'Escarbagnas, sc. 6.

L'attitude compassée de Bobinet contrevient aux recommandations émises dans le Nouveau Traité de civilité (1671) d'Antoine Courtin:

Le second défaut dans lequel on peut tomber, est quand pour trop éplucher les choses, nous nous faisons des scrupules sur tout, et que nous nous rendons esclaves de ces cérémonies, jusqu'à nous en troubler l'esprit, et nous rendre incommode et ridicule aux autres par trop d’exactitude. La civilité doit être, comme nous l'avons déjà dit, toute libre, toute naturelle, et nullement façonnière, ni superstitieuse; de là vient même, que quand nous nous sommes mis dans les termes de la bienséance et du respect, que les personnes qualifiées peuvent attendre de nous, nous ne devons point après cela paraître timides près d'elles: mais nous devons au contraire parler librement et franchement: Car cette crainte qui va quelquefois jusqu'au tremblement, embarrasse même celui à qui on parle, et est bien souvent la marque d'un naturel sauvage, ou d’une éducation basse et mal cultivée.
(éd. de 1726, chap. XXXII p. 339)

Elle correspond au portrait des provinciaux qu'avait brossé Mademoiselle Desjardins dans son roman Carmente (1668) :

Pourrais-je trouver des charmes dans cette circonspection perpétuelle qui leur fait étudier jusqu'à leurs éternuements et qui, les tenant en garde sur toutes leurs actions, fait que, par la peur de faire une sottise, ils demeurent dans une contrainte qui est en soi la plus grande sottise qu'ils puissent faire ? Ces contorsions qu'ils nomment des révérences, ces éclats de rire affectés et ces citations de bravoure dont ils assaisonnent la conversation.
(p. 105-106)




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