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Grattez du peigne à la porte


"Grattez du peigne à la porte
De la chambre du roi.
Ou si, comme je prévois,
La presse s'y trouve forte,
Montrez de loin votre chapeau,
Ou montez sur quelque chose
Pour faire voir votre museau,
Et criez sans aucune pause,
D'un ton rien moins que naturel :
Monsieur l'huissier, pour le marquis un tel."
Remerciement au roi, v. 40-49

Le comportement que Molière invite sa muse à adopter contrevient aux usages de civilité à l'égard des grands, ainsi que le révèlent les traités de :

A la porte des chambres ou du cabinet, c'est ne savoir pas le monde que de heurter : il faut gratter.
Et quand on gratte à la porte chez le roi et chez les princes, et que l'huissier vous demande votre nom, il le faut dire, et jamais ne se qualifier de Monsieur.
(éd. de 1728, p. 46)

B : Peut-on heurter lorsque l’on veut entrer chez une personne de la première qualité ?
A : Oui, mais une fois seulement et tout doucement. […]
B : Et lorsque l’on est dans l’antichambre, et que l’on veut entrer plus avant, comme dans les chambres ou dans le cabinet ?
A : Il faut gratter à la porte, et si l’huissier demande le nom, il le faut dire simplement sans ajouter le nom de Monsieur.
(p. 120-121).

La plaisanterie avait déjà été exploitée par Raymond Poisson, dans sa comédie du Baron de la Crasse (1662) :

Je cherchai le marteau pour frapper à la porte,
Mais je fus obligé, car je n'en trouvai point,
De donner seulement deux ou trois coups de poing.
L'huissier ouvre aussitôt, criant d'une voix forte :
"Qui diable est l'insolent qui frappe de la sorte ?
- Je n'ai point frappé fort, lui dis-je, excusez-moi,
C'est le désir ardent qu'on a de voir le roi.
- Mais d'où diable êtes-vous, pour être si novice ?
Dit-il. - De Pézenas, dis-je, à votre service.
Apprenez donc, Monsieur de Pézenas,
Qu'on gratte à cette porte et qu'on n'y heurte pas.
(sc. V, p. 11)




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