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Fournir tout la halle


"Un benêt dont partout on siffle les écrits,
Un pédant dont on voit la plume libérale
D'officieux papiers fournir toute la halle"
Les Femmes savantes, I, 3, v. 233-235

Le bon mot est un classique, qu'on retrouve

Enfin mon valet a déjà plus écrit que moi ; mais tous ses livres ne font propres qu'à entortiller des livres de beurre ; et l'on dit que les beurrières avaient l'hiver passé envie de l'aller remercier de ce qu'il leur avoir fourni d'enveloppe, lorsque les feuilles de vignes leur manquaient.
(éd. de 1668, p. 295-296)

Toutes les boutiques d'épiciers du royaume étaient pleines de ses oeuvres tant en vers qu'en prose.
(éd. de 1678, p. 42)

Vous pourrez voir un temps vos écrits estimés
Courir de main en main par la ville semés ;
Puis de là tous poudreux, ignorés sur la terre
Suivre chez l'épicier Neuf-Germain et La Serre.
(p. 9)

ainsi que dans l'avis du “Libraire au Lecteur” ouvrant l’édition des Satires (1666) du même Boileau :

L'auteur ne les citera point devant d'autre tribunal que celui des Muses. Parce que si ce sont des injures grossières, les beurrières lui en feront raison.
(n. p.)

On dira pour nous apaiser que la plupart des mauvais livres ne vivent guère plus longtemps que leurs affiches [...] que les feuilles de quelques livres ne se trouvant plus propres qu'à servir d'enveloppes aux marchands, elles ont été moins vendues imprimées ou plutôt barbouillées de tant de vains discours que si elles fussent demeurées blanches.
(chap. I, p. 15)

Je souffrirai, devenu marchandise,
Qu'un vil pédant à mon nez me méprise ?
Je passerai, pour vingt ou trente sous,
Entre les mains des brutaux et des fous ?
[...]
Je servirai d'enveloppe aux beurrières,
Ou, s'il échoit, à plus viles matières.
(éd. M. Cauchie, 1919, p. 38)




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