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Faire un tour à la foire


"Elle doit après dîner rendre visite à votre fille, d'où elle fait son compte d'aller faire un tour à la foire, pour venir ensuite au souper."
L'Avare, II, 5

Dans le spectacle du "Régal des dames", également dénommé "La Foire Saint Germain", créé le 30 avril 1668 par les Italiens du Palais-Royal, on trouve la passage suivant, que relèvent les notes de Biancolelli traduites par Gueulette :

Les dames [...] disent qu'avant le souper elles voudraient bien faire un tour à la foire; je leur dis que je veux y aller avec elles.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 406)

On trouve, dans le Polyandre (1648) de Charles Sorel, les raisons de l'intérêt que représente une visite à la foire :

Auparavant que de rendre visite à tous ceux de sa connaissance, il désirait en surprendre quelques-uns aux lieux les plus fréquentés, pour s'informer des nouvelles du siècle, et ne point paraître après un homme nouveau dans les compagnies. La Foire Saint-Germain se tenant alors, son premier dessein fut d'y aller, pource que l'abord y était si grand de personnes de toutes conditions, que l'on y trouvait souvent en moins d'une heure ceux que l'ont eût été plus d'un mois à chercher en leurs propres maisons ou ailleurs.
(t. I, p. 2-3.)

Il se trouve en ce lieu pource qu'il sait que tout Paris y vient au moins une fois l'année. C'est qu'il a dessein que rien ne lui échappe, ni la demoiselle, ni la bourgeoise.
[...]
Pour moi, j'ai toujours appelé la Foire Saint-Germain les Etats généraux de l'amour; c'est l'assemblée générale des plus rares beautés de la terre; les autres ne sont qu'assemblées particulières et provinciales.
(t. I, p. 485-486.)

La Foire Saint-Germain (à distinguer de la foire Saint-Laurent) est décrite dans

La Foire de S. Germain est proche Saint-Sulpice, au bout de la rue de Tournon. Elle est ouverte depuis la fête de la purification, qui arrive le second de février, jusqu’au premier jour du carême : mais souvent on la continue jusqu’à Pâques. Le lieu n’a rien de remarquable, ce sont plusieurs allées couvertes, disposées en carré, qui se traversent les unes les autres, où les boutiques des marchands sont placées : on y vend généralement de toutes sortes de choses, et les marchands ont le privilège d’y venir de toutes sortes d’endroits. Il y a quelques boutiques de riches marchandises et de curiosités, et dans celle de M. Herot, on y trouve des tableaux d’un très grand prix. […]
(t. II, p. 176-177)




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