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Est-il possible que vous ne croyiez point


"Je veux savoir un peu vos pensées à fond. Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au Ciel? - Laissons cela. - C'est-à-dire que non. Et à l'Enfer? - Eh. - Tout de même. Et au diable, s'il vous plaît? - Oui, oui. - Aussi peu. Ne croyez-vous point l'autre vie? - Ah, ah, ah. - Voilà un homme que j'aurai bien de la peine à convertir. "
Don Juan ou le Festin de pierre, III, 1

Une scène de L'Esprit follet (1644) de d'Ouville contenait un échange semblable entre le maître et le valet (1)

Le comportement de Don Juan est caractéristique de celui de l'impie, tel que le décrivent


(1)

CARRILLE.

[...]
Que croirez-vous alors ?

FLORESTAN.

Rien d'extraordinaire
Qu'on ne puisse en effet naturellement faire.

CARRILLE.

Mais n'est-il point d'esprits ?

FLORESTAN.

D'esprits, c'est le vieux jeu.

CARRILLE.

De familiers.

FLORESTAN.

Non plus.

CARRILLE.

De folets.

FLORESTAN.

Aussi peu.

CARRILLE.

De sorciers ?

FLORESTAN.

Point du tout.

CARRILLE.

De larves au teint blême ?

FLORESTAN.

Quelle folie ? ô Dieux !

CARRILLE.

Des enchanteurs ?

FLORESTAN

De même.

CARRILLE.

Des Nigromantiens ?

FLORESTAN.

Imaginations.

CARRILLE.

Des Farfadets ?

FLORESTAN.

Ce sont pures impressions.

CARRILLE.

N'est-ce point une Fée ?

FLORESTAN.

Ô l'étrange chimère !

CARRILLE.

Ou le moine bourru ?

FLORESTAN.

Maraut, te veux-tu taire ?

CARRILLE.

Serait-ce point une âme en peine ?

FLORESTAN.

Et tu prétends
Qu'elle me fît l'amour ? as-tu perdu le sens ?

CARRILLE.

Un succube ?

FLORESTAN.

Es-tu fol ?

CARRILLE.

Un Lutin ?

FLORESTAN.

Ce sont fables.

CARRILLE.

A ce coup je vous tiens, et n'est-il point de diables ?

FLORESTAN.

Oui ; mais il ne sont rien sans un divin pouvoir.

CARRILLE.

Mais que sera-ce donc ?

FLORESTAN.

Je ne le puis savoir,
Plus je me romps l'esprit sur un sujet si rare,
Plus mes sens confus, et ma raison s'égare.
Achevons.
(II, 8, p. 55-58)

(2)

C'est de là, disait le savant Pic de la Mirande, que, de tout temps, tous les athées ont été, d'une notoriété publique, des hommes corrompus par les passions charnelles, l'athéisme, remarque ce grand personnage, n'étant pas ce qui conduit à l'impudicité, mais l'impudicité étant la voie ordinaire qui conduit à l'athéisme. C'est de là que tous les impudiques, par profession et par état, sont communément des esprits gâtés et libertins en matière de créance, qu'ils se préoccupent aisément contre la religion, qu'ils aiment à en disputer, à y trouver des difficultés, à ne pas savoir ce qui les résout.
(éd. de 1716, t. II, p. 106)

(3)

Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus, dit le psaume LII ; « L'insensé a dit en son cœur : Il n'y a point de Dieu. » Les saints Pères nous enseignent que nous pouvons nous rendre coupables en plusieurs façons de cette erreur insensée, par erreur, par volonté, par oubli. Il y a en premier lieu les athées et les libertins, qui disent ouvertement que les choses vont au hasard et à l'aventure, sans ordre, sans gouvernement, sans conduite supérieure. Insensés, qui dans l'empire de Dieu, parmi ses ouvrages, parmi ses bienfaits, osent dire qu'il n'est pas et ravir l'être à celui par lequel subsiste toute la nature! La terre porte peu de tels monstres; les idolâtres mêmes et les infidèles les ont en horreur. Et lorsque dans la lumière du christianisme on en découvre quelqu'un, on en doit estimer la rencontre malheureuse et abominable.
(t. IX, p. 94-95)




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