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En sage philosophe


"En sage philosophe on m'a vu vingt années,
Contempler des maris les tristes destinées,
Et m'instruire avec soin de tous les accidents,
Qui font dans le malheur tomber les plus prudents,
Des disgrâces d'autrui profitant dans mon âme,
J'ai cherché les moyens voulant prendre une femme,
De pouvoir garantir mon front de tous affronts,
Et le tirer de pair d'avec les autres fronts;"
L'Ecole des femmes, IV, 7 (v. 1188-1195)

Dans son problème sceptique "Peut-on être trop prudent ?" (Problèmes sceptiques, 1666), La Mothe le Vayer traitera de la question de la prudence excessive :

Oui : car nous apprenons de celui qui ne trompe personne [Saint Paul], qu’il ne faut être sage ou prudent, qu’avec sobriété et retenue, et par conséquent qu’on peut l’être trop en certaine façon .[…] L'homme prudent ne doit-il pas être modeste et retenu, afin que, dans cette science du bien et du mal, il ne se porte et ne plaise jamais qu'au premier, étant dans une perpétuelle défiance de l'autre ? Car les plus fins y sont pris, et il arrive quelquefois que la trop grande prudence dont on veut se servir nous écarte du bon chemin et nous fait lourdement broncher. La prudence veut elle-même, qu’on use d’elle fort sobrement, selon le mot de l’Apôtre, parce qu’elle court fortune de devenir blâmable et, s’il faut ainsi dire, imprudente, si on la pousse trop avant.
(Oeuvres, éd. de 1756, V, 2, p. 301-302).




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