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Discours au Roi
- [Nicolas BOILEAU], "Discours au Roi", Satires du sieur D***, Paris, Barbin, 1666, p. 49-57
- [...]
- Le mal est qu'en rimant, ma Muse un peu légère
- Nomme tout par son nom, et ne saurait rien taire.
- C'est là ce qui fait peur aux Esprits de ce Temps,
- Qui tout blancs au dehors, sont tout noirs au dedans.
- Ils tremblent qu'un Censeur, que sa verve encourage,
- Ne vienne en ses Ecrits démasquer leur visage,
- Et fouillant dans leurs moeurs en toute liberté,
- N'aille du fond du Puis tirer la Vérité.
- Tous ces gens éperdus au seul nom de Satire,
- Font d'abord le procès à quiconque ose tire.
- Ce sont eux que l'on voit, d'un discours insensé,
- Publier dans Paris que tout est renversé ;
- Au moindre bruit qui court, qu'un Auteur les menace,
- De jouer des Bigots la trompeuse grimace.
- Pour eux un tel Ouvrage est un monstre odieux ;
- C'est offenser les lois, c'est s'attaquer aux Cieux :
- Mais bien que d'un faux zèle ils masquent leur faiblesse,
- Chacun voit qu'en effet la Vérité les blesse.
- En vain d'un lâche orgueil leur Esprit revêtu,
- Se couvre du manteau d'une austère Vertu :
- Leur coeur qui se connaît, et qui fuit la lumière,
- S'il se moque de Dieu, craint Tartuffe et Molière
- [...]
- (p. 54-55)
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