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Destinée


"Vous êtes, par ma foi, de malheureuses gens l'un et l'autre, de ne m'avoir point avant tout ceci, avertie de votre affaire! Je vous aurais sans doute détourné cette inquiétude, et n'aurais point amené les choses où l'on voit qu'elles sont. - Que veux-tu? c'est ma mauvaise destinée qui l'a voulu ainsi. "
L'Avare, IV, 1

« Ne dites-vous pas que l'ascendant est plus fort que tout; et s'il est écrit dans les astres que je sois enclin à parler de vous, comment voulez-vous que je résiste à ma destinée? »
Les Amants magnifiques, I, 2

"J'ai considéré que dans le fond, il n'a pas tant de tort qu'on pourrait croire.- Que me viens-tu conter? Il n'a pas tant de tort de s'aller marier de but en blanc avec une inconnue? - Que voulez-vous, il y a été poussé par sa destinée. - Ah, ah, voici une raison la plus belle du monde. On n'a plus qu'à commettre tous les crimes imaginables, tromper, voler, assassiner, et dire pour excuse, qu'on y a été poussé par sa destinée. - Mon Dieu, vous prenez mes paroles trop en philosophe. Je veux dire qu'il s'est trouvé fatalement engagé dans cette affaire."
Les Fourberies de Scapin, I, 4

"Que diable allait-il faire dans cette galère? - Une méchante destinée conduit quelquefois les personnes."
Les Fourberies de Scapin, II, 7

Le principe du destin est mis en cause

Au reste, comme les platoniciens, les stoïciens et les autres défenseurs du destin semblent conséquemment défendre la nécessité de toutes choses et de toute action qu'aucune force ne peut rompre. Car les destins, dit-il, vont exerçant leur droit et leur puissance absolue, et sans faire grâce à qui que ce soit, ou sans se laisser toucher, ni de prières, ni de miséricorde, ils gardent leur cours fatal, destiné et irrévocable [...] comme ils semblent, dis-je, défendre une nécessité qui détruit entièrement la liberté de toutes les actions humaines, et ne laisse rien dans notre libre arbitre, cela fait qu'on leur objecte les inconvénients qui suivent de là. Le principal de ces inconvénients est que si nos esprits, comme ils sont mis et rangés dans la suite des choses, sont conduits pas le destin, et que destitués de liberté ils fassent tout par une nécessité immuable et inévitable, la manière et la conduite ordinaire de la vie humaine périt, et tout les consultations sont inutiles. Car, quelque chose que vous délibériez, il n'arrivera que ce qui aura été décrété par le destin. Ainsi la prudence sera vaine, l'étude de la sagesse sera inutile, et tous les législateurs seront ridicules, ou des tyrans [...]
(éd. de 1684, t. VII, p. 634-636)

(voir également "viennent toujours me tendre un piège")




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