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De vingt verres de vin entourez votre coeur


"Et, pour fermer chez vous l'entrée à la douleur,
De vingt verres de vin entourez votre coeur."
Le Cocu imaginaire, sc. VII (v. 239-240)

Dans son "Banquet sceptique" (Cinq dialogues faits à l'imitation des Anciens, 1630), La Mothe le Vayer avait souligné les pouvoirs de la physiologie sur le psychisme, au travers de l'exemple de l'ingestion de substances telles que le vin :

Pouvant être conclu en faveur de l'ébriété que ce n'est pas une petite prudence de ce charger d'un peu de vin pour se décharger de tant de fâcheuses pensées et d'ennuyeux chagrins de la vie.
(Francfort, Jean Savius, 1716, p. 140).

La même idée est reprise dans le "petit traité" "De la bonne chère" (Opuscules et petits traités, 1643) :

une infinité de personnes de la plus haute réputation n'ont pas fait difficulté de se charger d'un peu de vin pour se décharger de ce grand nombre d'ennuis qui traversent le cours des plus belles vies.
(Œuvres, 1756, II, 2, p. 465)

La satisfaction de la faim était également reconnue comme exerçant une influence directe sur les dispositions de l'âme :

aussi n'est-ce pas sans sujet que l'italien dit dal ventre pieno esce miglior consiglio, y ayant apparence que la bonne chère ne nous rend pas moins ingénieux qu'éloquents
(p. 114).

L'idée est reprise dans une des Homilies académiques de 1664-1666 intitulée "De la diète" :

Il est vrai qu'un homme à jeûn a plus de disposition à recevoir les mauvaises impressions de l'air qu'un autre qui a pris des aliments propres à résister à ce qui lui peut venir du dehors préjudiciable à sa santé, à cause qu'ayant fortifié et remplit le dedans, le mal a de la peine à se placer chez lui.
(Œuvres, 1756, III, 2, p. 54)

Les mêmes pouvoirs sont manifestés également dans le cas de la fausse bravoure des "esprits colériques", ainsi que de ceux qui trouvent leur courage seulement au moment où ils sentent "remuer une bile".




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