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De la rigueur du Ciel je veux toujours me plaindre


Je veux, je veux garder ma douleur à jamais,
Je veux sentir toujours la perte que je fais,
De la rigueur du Ciel je veux toujours me plaindre,
Je veux jusqu'au trépas incessamment pleurer
Ce que tout l'univers ne peut me réparer.
Psyché, acte II, scène 1, vv.715-719.

L'attitude est absolument contraire

Elle est cultivée par Théophile de Viau dans des vers "A Mademoiselle de Rohan sur la mort de Madame la duchesse de Nevers" (4)


(1)

C'est donc à la vérité une belle, et éclatante, mais toutefois une feinte, et déguisée espèce de Piété dont nous parons notre douleur, lorsque nous témoignons que nous nous affligeons à cause d'eux; puisqu'en effet nous nous affligeons à cause d'eux; puisqu'en effet nous nous affligeons à cause de nous-mêmes, de ce que nous serons désormais privés de leur compagnie, de ce que nous n'en recevrons plus les offices ordinaires, ni ceux que nous en espérions, et de ce que nous ne serons plus de même considérés, honorés, respectés, etc. C'est pourquoi le Sage croit qu'il est indigne de s'affliger de la sorte pour son intérêt, comme s'il n'avait voulu les avoir que pour qu'ils vécussent à lui seul, que pour qu'ils ne fussent, et ne se meussent que pour lui, et comme s'il n'avait désiré de les avoir qu'autant de temps qu'ils lui auraient été utiles à lui seul, et non pas autant que l'Auteur de la Nature aurait cru qu'il leur serait bon, et utile.
(2nde édition de 1684, t. VII, "Des Vertus", "De la perte des enfants et des amis", p.444-445)

(2)

Je vous supplie vous vouloir conformer à la volonté de Dieu.
(p. 80)

(3)

Ainsi, Madame, j'avoue que le sujet du vos larmes n'est que trop légitime, mais demeurez d'accord que si Dieu ne condamne pas une affliction si bien fondée, il en désapprouverait l'excès, si elle continuait. Ce serait trouver à dire à sa conduite, de s'opposer aux ordres de sa providence. Une douleur dont on ne veut pas se consoler est une espèce de révolte contre le Ciel, et la piété chrétienne nous ordonne de nous soumettre à ses volontés. Elle tire profit de tout, et ménage même les choses perdues.
(éd. de 1705, "A une Dame sur la mort de son mari", p.123-124)

(4)

Aigrissez-vous toujours d'un chagrin plus récent,
Que votre âme en flattant l'ennui qu'elle ressent
Pour si chère compagne incessamment soupire,
Jamais son entretien ne vous sera rendu,
Et le Ciel réparant vos pertes d'un Empire,
Vous donnerait bien moins que vous n'avez perdu.
(éd. de 1623, pp. 242-244)




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