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De Gemini en Capricorne


"ha! Madame la carogne, je vous trouve avec un homme, après toutes les défenses que je vous ai faites, et vous me voulez envoyer de Gemini en Capricorne !"
La Jalousie du Barbouillé, sc. IV

L'expression est attestée dans Le Réveil-matin des esprits facétieux (1643), recueil de bons mots :

Le mari qui ne savait pas que sa femme le faisait passer de Gemini en Capricorne, repartit : "Je suis fort aise que vous soyez une Diane et moi un Actéon".
(p. 34)

Le bon mot figurait sous une forme légèrement différente au livre XI du Francion (1633) de Sorel :

Quoique du Buisson vînt dire qu'il fallait bien qu'il se gardât de se marier l'an de disgrâce mil cinq cent trop-tôt et que sans doute, par révolution de sphère, lorsque sa femme serait au signe de Gemini, il serait à celui de Capricorne, si est-ce que l'on lui conseilla bien de ne point garder le célibat, lui assurant qu'il ne serait jamais trompé en femme.

Il avait été repris dans Les Cadenats ou le Jaloux endormi (1662) de Boursault :

Ah friande!
Que si je m'empêchais de vous être cruel,
L'honneur dont vous parlez deviendrait casuel !
Et que sachant les tours dont les femmes sont dignes,
On nous prendrait bientôt dans le ciel pour des signes ;
Puisque de vos plaisirs un bon frère garni
Produirait Capricorne, et ferait Gemini !
(sc. II)

Des plaisanteries sur les évocations du signe astral Capricorne émaillaient également :

Premièrement à cause que vous êtes veuf d'une pucelle qui vous fit faire plus de chemin en deux jours que le soleil n'en fait en huit mois dans le Zodiaque ; vous courâtes de la Vierge au Chancre en moins de vingt-quatre heures, d'où vous entrâtes au Verseau, sans avoir vu d'autre signe en passant que celui du Capricorne.
(Oeuvres diverses, 1654, I, 1, p. 9)

Vous estes veuve [sic] d’une pucelle qui vous fit faire plus de chemin en trois semaines que le soleil en six mois dans le Zodiaque, vous courûtes du gemini au chancre en huit jours ce que l'autre ne sçauroit faire, et lors que vous pensiez n’estre encore arrivé qu’à la vierge vous entrastes au verseau sans avoir veu d’autre signe en passant que celuy du capricorne.
(version manuscrite, in Théâtre du XVIIe siècle, t. II, Paris, Gallimard, 1986, p 767 ; indication aimablement fournie par Delphine Rosenthal)

D'adventaige, seras de ta femme battu, et d'elle seras desrobbé : car je trouve la septiesme maison en aspectz tous malings, et en batterie de tous signes portant cornes comme Aries, Taurus, Capricorne.
(Chapitre XXV."Comment Panurge se conseille à Her Trippa")




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