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Dame, damoiselle, bourgeoise, paysanne


"C'est un épouseur à toutes mains, dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud, ni de trop froid pour lui;"
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 1

Dans Les Barbons amoureux et rivaux de leurs fils (1663) de Chevalier, le valet Guillot reprochait à son maître son insatiabilité amoureuse dans des termes proches :

[...]
A ce que je puis voir, vous trouvez tout fort bon,
Et dame, et demoiselle, et suivante, et souillon,
Vous mettez tout en œuvre, ah la peste, quel drôle
Avecques ses douceurs comme il les affriole.
En leur disant "Mon cœur, tu n'as rien que de beau",
Il vous les fait venir donner dans le panneau ;
Mais ces beaux mots n'étant que des billevesées,
Ces pauvres filles, sont des filles abusées.
[...]
Vous savez tellement comme on les attrape,
S'il est bien mal aisé qu'aucune vous échappe :
Alors que vous prenez votre ton doucereux,
Vous les amadoués, vous emballez des mieux,
Et comme l'ennemi juré du mariage,
Vous n'avez d'autre but qu'au seul concubinage,
Vous savez si bien l'art de les persuader,
Et vous leur en donnez bien souvent à garder.
Dès lors qu'il se rencontre auprès d'une mignonne,
Qui le couve des yeux, le drôle la mitonne,
Quand il voit à peu près qu'il a trouvé son fait,
Le galant sans façon plante là son piquet,
Il ne démord jamais d'auprès de la donzelle,
Que de son cher honneur il n'ait la cuisse ou l'aile.
Aussitôt qu'il a fait de l'honneur de Cloris,
Aux autres, me dit-il, Guillot, ceux-là sont pris.

CLIDAMANT.

Je ne sais pas pourquoi tu me donnes ce blâme.

GUILLOT.

Si Polixene n'est dans fort peu votre femme,
Qu'elle ne fasse pas trêve à tous vos discours,
Pour peu qu'elle se plaise à souffrir vos amours,
Ne se mariant pas avecque vous en hâte,
Je suis très assuré qu'il faudra qu'elle en tâte ;
De sorte qu'une fille avec un peu d'honneur,
Vous devrait épouser à votre abord, Monsieur :
Car dès qu'elle vous parle, elle est d'amour émue,
Ville qui parlemente est à demi rendue ;
Et pour peu que la belle entende le jargon,
On voit son pauvre honneur faire bientôt faux bon.
Monsieur, cela ma foi, n'est point du tout honnête.
Mais quoi ? vous n'en ferez jamais qu'à votre tête.
J'ai beau sur ce sujet vous donner des leçons,
Tous ce que je vous dis, ce vous sont des chansons.
Vous vous moquez de tout.
(I, 4, p. 22-24)




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