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Déférer aux pères


" Ne suis-je pas ton père? et ne me dois-tu pas respect? - Ce ne sont point ici des choses où les enfants soient obligés de déférer aux pères; et l'amour ne connaît personne."
L'Avare, IV,3

L'idée selon laquelle les enfants sont généralement obligés d'obéir à leurs pères est exprimée entre autres dans

Or il existe également des cas dans lesquels les enfants ont le droit de désobéir à leurs pères ou à leurs parents. De telles situations sont évoquées dans


(1)

MAXIMES
Touchant le soin qu'il faut avoir de faire rendre aux enfants ce qu'ils doivent à leurs pères.
Ayez grand soin particulièrement que vos enfants soient fort respectueux à l'endroit de leur père, qu'ils l'aiment, qu'ils l'honorent, et qu'ils le craignent. Ne leur pardonnez jamais le moindre désobéissance à ses ordres. Ne souffrez point qu'ils lui parlent autrement qu'avec soumission et qu'avec respect. Celui qui obéit à son père donne beaucoup de joie et de consolation à sa mère, dit l'Ecriture.
("De l'Education chrétienne des enfants", Bruxelles, chez François Foppens, 1669, p. 149.)

(2)

Il faut donc qu'un enfant qui ne veut point être rebelle à Dieu, et qui veut se tenir dans les termes de son devoir, rende obéissance à ses parents, c'est-à-dire qu'ils regarde leur volonté, comme la règle de toutes ses actions, et qu'il croit qu'elles seront d'autant plus agréables à Dieu qu'elles seront mieux ajustées sur cette règle. Qu'il les écoute, comme si Dieu parlait par leur bouche [...] Les droits de Dieu et des pères, viennent d'une même source, et à moins que de désobeir à Dieu, on ne peut désobéir à ses parents.
(La Famille sainte, Lyon, chez la veuve Bailly et P. Bailly fils, 1662, p. 603-604.)

(3)

On demande en général, si dans certains états, surtout dans ceux qui ne sont pas de la perfection évangélique, un enfant est maître de contracter un engagement et de se lier, sans l'aveu et la participation de ses parents. Il ne le peut, chrétiens; mais il est de son devoir, et d'un devoir rigoureux, de les consulter, d'écouter leurs remontrances, de déferer autant que la raison le prescrit. Car, disent les théologiens, l'honneur dû aux pères est un commandement exprès de Dieu. Or, de n'avoir nul égard à leurs sentiments, de ne se mettre point en peine d'en être instruit, d'agir sur cela dans une pleine indépendance et de n'en vouloir croire que soi-même; ce serait un mépris formel de leur autorité; et ce mépris, dans une matière aussi importante que l'est le choix de l'état, doit être regardé comme une griève transgression de la loi divine. On demande en particulier, si, dans un certain âge déjà avancé, un enfant peut, sans que le père en soit informé et sans requérir son consentement, conclure un mariage où la passion le porte; s'il le peut, dis-je, en sûreté de conscience. Non, répondent les docteurs; et s'il le fait, le père est en droit de le punir selon les lois, et de le priver de son héritage; peine censée juste, et qui par conséquent suppose une offense.
(éd. de , p. 500)

(4)

[...] il y peut avoir trois sortes de commandements d'un père ou d'une mère aux enfants: aux uns ils sont obligés d'obéir, aux autres ils peuvent obéir, et aux troisièmes ils y peuvent obéir, mais ils n'y sont pas obligés [...]
Quant à ces matières, où les enfants peuvent, et ne sont pas obligés d'obéir, il n'est pas bien aisé de les déclarer toutes en détail: elles sont en trop grand nombre, et la liste en pourrait être ennuyeuse. Il suffira de les comprendre dans leur principe, et d'en déchiffrer quelques-unes, qui pourront servir de lumière à toutes les autres. Mais avant que d'y toucher, j'avertirai les enfants de ne point faire de mauvaises usages de ce que je m'en vais dire, et n'en point tirer de conséquences qui ne soient légitimes: car ce serait à leur dommage, s'ils tiraient le poison de la médecine, et la mort de ce qui doit donner la vie.
La théologie qui est la source des bonnes instructions, permet aux enfants la liberté de choisir un état en général: elle ne les oblige point à suivre les mouvements d'un père ou d'une mère pour se marier, ou ne se marier point.
[...]
Voilà une alliance qui se présente qui agrée fort au père; toutefois l'enfant n'y peut penser qu'avec horreur. Le peut-on contraindre à dire oui ? Nenni, et si le père se raidit et le veut emporter de haute lutte, comme on dit, il fait tort à son fils et se rend coupable d'une liberté violée et de tous les désordres de ce mariage.
(Ibid., p. 617-624.)

(5)

Enfants, dit saint Paul (Col;, 2, 20, Ephes., VI), obéissez en toutes choses à vos pères et mères: mais il ajoute, in Domino, en Notre Seigneur. Car s'ils vous commandent quelque chose contre les commandements de Dieu, ou s'ils veulent vous détourner de son service, saint Bernard vous dit que si c'est une impiété que de les mépriser, c'est néanmoins une grande piété de le faire pour l'amour de Jésus-Christ: Si matrem diligis, desere ipsam, ne si Christum deseras ut maneas cum ipsa, propter te pereat et ipsa, alioquin male mervit de te, quae te peperit, si propter te perit: quomodo enim non perit quae ipsum quem peperit perimit. etc.(S. Bern;, epist. 104, ad Galterum). Car celui qui a dit: honorez vos pères et vos mères nous dit aussi: celui qui aime plus son père ou sa mère que moi, n'est pas digne de moi. Mais quand ils vous commandent des choses justes, il leur faut obéir, ils sont vos supérieurs et les principes de l'être que vous avez [...]
(Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, Sermon LII, p. 593)




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