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Comme Alexandre


"Je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses"
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 2

L'image, qui provient de la satire X de Juvénal (1), avait servi à une démonstration du Théoclée ou la Vraie Philosophie des principes du monde (1646) de Charles Cotin (2).

L'insatiabilité des libertins est un lieu commun de sermons, auquel recourt, entre autres, le Père Maimbourg, dans son sermon XI, « Pour le deuxième lundi de Carême » (Sermons pour le carême, 1672) (3)


(1)

Unus Pello juveni non sufficit orbis:
Æstuat infelix angusto limite mundi,
ut Gyarae clausus scopulis paruaque Seripho;
cum tamen a figulis munitam intrauerit urbem,
sarcophago contentus erit.
(v. 168-172)

Un Monde ne suffit pas au jeune Alexandre, il se dépite de se voir comme renfermé dans les bornes étroites de l’Univers, et ne se tient pas moins malheureux que celui qui serait prisonnier entre les écueils de Gyare, ou dans la petite Seriphe. Toutefois quand il entrera dans la ville fortifiée de murailles de brique, il se contentera d’une bière.
(Juvenal, Satire X, dans Les Satyres de Juvenal en Latin et en Français, de la version de M. de Marolles, abbé de Villeloin, Paris, G. de Luyne, 1653, p. 269)

(2)

G. [...] Il est encore nécessaire de remarquer que le monde où nous sommes n'est qu'une parcelle retranchée de l'infini, et que la semence d'un nouveau monde s'écoule petit à petit de la décadence d'un ou de plusieurs.
T. C'est ce qui faisait le désespoir d'Alexandre, de ce que, n'ayant pas encore conquis un monde, il lui en restait d'innombrables à conquérir.
G. Cette opinion n'a, je crois, été publiée des philosophes que pour faire enrager les conquérants.
(p. 37)

(3)

Le méchant homme qui vit et qui vieillit en son péché durant tout le temps de sa vie court sans se reposer jamais après tous les objets qui peuvent satisfaire ses passions Nullum pratum sit quod non pertranseat luxuria nostra (Sap. II) disent les libertins bien plus fortement par leurs actions que par leurs paroles. […] L’occasion de prendre ses plaisirs est belle, un voluptueux y va de toute son âme, il en est tout-à-fait insatiable, il passe éternellement d’objets en objets pour y trouver de quoi se satisfaire.
(Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. X, p. 137-138)




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