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Claudine


"Et votre petite fille Claudine, comment se porte-t-elle? - Le mieux du monde. - La jolie petite fille que c'est! Je l'aime de tout mon cœur."
Don Juan ou le Festin de pierre, IV, 3

Le nom de Claudine, que Molière donne également à un personnage de Georges Dandin, apparaît fréquemment dans la littérature grivoise. Ainsi dans deux chansons du recueil Le Parnasse des Muses, ou Recueil des plus belles chansons à danser (1628) :

Chanson VI

Mon père m'envoie garder les moutons,
M'en donna pas quinze, mais un quarteron,
Mais un quarteron, Claudine, mais un quarteron,
M'en donna pas quinze, mais un quarteron.
Par ici si passe trois bons compagnons,
Trois bons compagnons, Claudine, trois bons compagnons.

Par ici si passe trois bons compagnons,
D'amour m'ont priée, et je leur réponds,
Et je leur réponds, Claudine, et je leur réponds,
D'amour m'ont priée, et je leur réponds :
C'est pour un gentilhomme qui est à la Cour,
Qui est à la Cour, Claudine, qui est à la Cour.

C'est pour un gentilhomme qui est à la Cour ;
Si plus il m'en parle, il aura m'amour,
Il aura m'amour, Claudine, il aura m'amour,
Si plus il m'en parle, il aura m'amour,
M'amour et ma vie, et mon coeur et tout,
Et mon coeur et tout, Claudine, et mon coeur et tout.

M'amour et ma vie, et mon coeur et tout,
Et mon pucelage, qui vaut mieux que tout,
Qui vaut mieux que tout, Claudine, qui vaut mieux que tout,
Et mon pucelage, qui vaut mieux que tout,
Et s'il le refuse, ce sera un fou,
Ce sera un fou, Claudine, ce sera un fou.

(réimpression de 1864, p. 11)

Chanson VII

Le long d'un rivage, j'allais m'ébattant,
Je vis une bergère son troupeau gardant,
Son troupeau gardant, Claudine, son troupeau gardant,
Je vis une bergère son troupeau gardant,
D'elle je m'approche, sans perdre de temps,
Sans perdre de temps, Claudine, sans perdre de temps.

D'elle je m'approche, sans perdre de temps,
De son pucelage j'allai la priant,
J'allai la priant, Claudine, j'allai la priant,
De son pucelage, j'allai la priant,
Puis ma main j'avance dessus son devant,
Dessus son devant, Claudine, dessus son devant,

Puis ma main j'avance dessus son devant,
Faisant la honteuse, dit en souriant,
Dit en souriant, Claudine, dit en souriant,
Faisant la honteuse, dit en souriant :
Laissez là, folâtre, ce morceau friand,
Ce morceau friand, Claudine, ce morceau friand.

Laissez là, folâtre, ce morceau friand,
La pièce est promise à un brave galant,
A un brave galant, Claudine, à un brave galant,
La pièce est promise à un brave galant,
Qui a la mine d'être en amour savant,
En amour savant, Claudine, en amour savant.

Qui a la mine d'être en amour savant,
Mais moi qui suis habile autant comme autant,
Autant comme autant, Claudine, autant comme autant,
Mais moi qui suis habile autant comme autant,
Entre ses deux cuisses, je mis mon bringant,
Je mis mon bringant, Claudine, je mis mon bringant.

Entre ses deux cuisses, je mis mon bringant,
Bien qu'elle le refuse, il fut logé pourtant,
Il fut logé pourtant, Claudine, il fut logé pourtant,
Bien qu'elle le refuse, il fut logé pourtant,
En sa cage amoureuse, où il prit passe-temps,
Où il prit passe-temps, Claudine, où il prit passe-temps.

(ibid., p. 12)

Il est utilisé souvent pour évoquer une femme de petite vertu, ainsi que l'attestent les propos de Colletet dans l'avis au lecteur des Amitiés, amours et amourettes (1664) de René le Pays :

De sorte que ma Caliste, ma Margoton et mon Iris, deviendraient aussi fameuses que la Corinne d'Ovide, la Laure de Pétrarque, et la Claudine de Colletet, leur honneur ne laisserait pas de demeurer entier.
(éd. de 1668, n. p.)




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