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Charmante nourrice
- "Ah nourrice, charmante nourrice, ma médecine est la très humble esclave de votre nourricerie; et je voudrais bien être le petit poupon fortuné, qui tétât le lait de vos bonnes grâces."
- Le Médecin malgré lui, II, 2
On rencontre des plaisanteries lestes sur les nourrices
- dans le Sermon joyeux d’un dépuceleur de nourrices (s.d., rééd. 1610) (1)
- dans une "folâtrie" de Pierre de Ronsard reprise dans le recueil La Muse folâtre (1611) (2).
(1)
- […]
- Une fois en la dépriant,
- Je mis mon doigt sur sa tétine :
- Ha ! que vous êtes ennuyant,
- Se me dit la chienne mâtine ;
- […]
- Messeigneurs, voici le varlet
- Qui dépucelle les nourrices,
- A tous le dis, soient blancs ou verts,
- Jeunes ou viels, pauvres ou riches :
- Je suis qui rompt les huis ouverts
- Et dépucelle les nourrices. »
- (Sermon joyeux d’un dépuceleur de nourrices, s.l.n.d., p. 3-11, publié également dans un recueil de Lyon, 1610, puis dans Recueil de pièces rares et facétieuses anciennes et modernes, Paris, A. Barraud, 1873, t. III)
(2)
- Mais quand la bague blandice
- De ta raillarde nourrice,
- Dès le point du jour te dit :
- Mignon, vous couchez au lit,
- Voire ès bras de la pucelle,
- Qui de ses beautés encelle
- La rose, et de ses beaux yeux
- Cela qui tréluit aux cieux,
- A l'heure, de honte, à l'heure
- Mignon, ton petit œil pleure
- Et te cachant dans les draps
- Ou pétillant de tes bras,
- Despuis tu gimbes contre elle
- Et lui dis : Meman, ma belle,
- Mon gâteau, mon sucre doux,
- Et pourquoi me dites vous
- Que je couche avec Janette?
- Puis ell' te baille sa tête,
- Et t'apaisant d'un jouet,
- D'une clef ou d'un rouet,
- De pois ou de pirouettes,
- Essuie tes larmelettes.
- Ha, pauvret! tu ne sais pas,
- Celle qui dedans ses bras
- Toute nuit te paupeline,
- C'est, mignon, ceste maligne,
- Las! mignon, c'est ceste là
- Qui de ses yeux me brûla.
- Que plût à Dieu que je pusse
- Pour un soir devenir puce,
- Ou que les arts médeans
- Eussent rajeuni mes ans,
- Ou converti ma jeunesse
- En ta peu caute simplesse,
- Me faisant semblable à toi;
- Sans soupçon je coucheroi
- Entre tes bras, ma cruelle,
- Entre tes bras, ma rebelle,
- Ores te baisant les yeux,
- Ores le sein précieux
- D'où les amours qui m'aguettent
- Mille flèches me sagettent.
- Lors certes, je ne voudroi
- Etre fait un nouveau roi
- Pour ainsi laisser m'amie
- Toute seulette endormie
- Et peut-être qu'au réveil,
- Ou quand plus le doux sommeil
- Lui enflerait la mammelle,
- Qu'en glissant plat dessus elle,
- Je lui ferais si grand bien
- Qu'elle, après, quitterait bien
- Toi, ses frères et son père,
- Qui plus est, sa douce mère
- Pour me suivre à l'abandon,
- Comme Venus son Adon [...].
- (La Muse folâtre, p. 78-80)
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