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Cet honneur fatal
- "Je prends, Amphitryon, grande part à la gloire,
- Que répandent sur vous vos illustres exploits;
- Et l'éclat de votre victoire
- Sait toucher de mon cœur les sensibles endroits.
- Mais quand je vois que cet honneur fatal
- Éloigne de moi ce que j'aime,
- Je ne puis m'empêcher dans ma tendresse extrême,
- De lui vouloir un peu de mal,"
- Amphitryon, I, 3, v. 541-547
Des stances parues la même année, dans la Seconde partie du recueil de pièces galantes en prose et en vers (1668) (recueil La Suze-Pellisson), mettent elles aussi en évidence l'opposition entre l'amour et la gloire.
- Prince, j'avais prédit qu'un jour,
- Vous seriez en tous lieux plus craint que le tonnerre ;
- Mais avant d'essayer les travaux de la guerre,
- Ne goûterez-vous point les douceurs de l'Amour?
- Je sais quelle est la récompense,
- Dont le Dieu des combats peut flatter les guerriers :
- Mais quel que soit le prix qu'il donne à leur vaillance,
- Les myrtes de l'Amour valent bien les lauriers.
- Vous reçûtes de la nature,
- Mille perfections dont le monde est charmé ;
- Prince, ne souffrez pas que la race future,
- Trouve en vous le défaut de n'avoir point aimé.
- Ne craignez pas pour votre gloire,
- Quand vous suivrez les lois de quelque objet charmant,
- Il est beau quelquefois de perdre la victoire,
- Et de faire céder le héros à l'Amant.
- Si jamais votre coeur soupire :
- Et quitte pour un temps les desseins généreux,
- Amour ne vit jamais dans son aimable empire,
- De plus digne sujet, ni d'Amant plus heureux.
- (p. 128-129)
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