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Ces visites, ces bals


"Ces visites, ces bals, ces conversations,
Sont, du malin esprit, toutes inventions.
Là, jamais on n'entend de pieuses paroles,
Ce sont propos oisifs, chansons, et fariboles;"
Le Tartuffe, I, 1, (v. 149-152)

La condamnation des divertissements mondains était formulée par le personnage de feint "petit collet" qui dupe Ragonde, homologue de Madame Pernelle, dans un épisode du Polyandre (1648) de Charles Sorel (1).

De même que la mise au pliori de "tous ces méchants écrits", il s'agit d'un lieu commun de la parénétique religieuse, qu'on retrouve par exemple dans :


(1)

Voilà les plus grandes occupations que je puisse avoir, avec lesquelles il faut considérer celles que je me donne comme des dépendances ou accessoires, qui est de condamner les vains caquets, les jeux, les comédies, le bal, le cours et autres divertissements des mondains, qui sont les subtiles amorces pour les faire tomber dans le péché.
(Seconde partie, p. 348)

(2)

Je sais bien que Monsieur de Sales a laissé dans ses livres que le bal et les jeux sont indifférents; et que même il a maintenu cette doctrine, quand elle a été choquée. J'avoue encore une fois que je n'attaque ni les jeux ni les autres divertissements permis, mais seulement l'excès et le désordre qui s'y rencontrent.
Car, hors les passe-temps nécessaires ou honnêtes, quelle apparence y a-t-il de ne faire que jouer ? de tenir toujours des dés ou des cartes en mains ; et de changer la récréation en occupation?
(réédition de 1662 (p. 95)(source : G. Hall, Comedy in Context : Essays on Molière, University Press of Mississippi, 1984, p. 147)

(3)

§ 6. Des bals et des danses
[…]
Le bal et la danse ont tant de rapports et de disposition au péché que les saints Pères de l’Eglise qui sont nos oracles et les plus pures sources de la morale chrétienne, ne nous en ont parlé que comme d’une invention diabolique et comme d’un exercice où le diable fait grande moisson.
(t. II, p. 441)

La charité n’y est point, la jalousie et la médisance y ont pris sa place. L’humilité n’y fut jamais qu’en fant^me et en apparence ; on y voit beaucoup de déférences et de cérémonies, mais c’est la superbe qui les ordonne.
(p. 445)

(4)

Je dis, en premier lieu, que vous êtes obligés de vous éloigner des danses, parce que la foi que vous professez vous doit donner de l’horreur de toutes les choses qui viennent du diable, c’est-à-dire dont il est l’auteur, et qui sont les restes du paganisme. Or est-il que les danses sont de cette nature, c’est-à-dire sont de l’invention du diable, et ont été une des principales cérémonies et divertissements des idolâtres ; donc il faut les avoir en horreur.
(in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. XI, p.542)

(5)

[…]
On y mêle souvent des brocards et des paroles de risée et de moquerie, sur les imperfections du prochain ; s’il est présent, il reçoit confusion et s’en sent désobligé, quoiqu’il ne le témoigne pas ; s’il est absent, quelqu’un le lui rapporte, il en est piqué et se résout d’en avoir la revanche ; ce sont des allumettes de dissensions, de querelles, de haines, d’inimitiés et de duels.
Après s’être gaussé des séculières, on se raille des choses saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées.
(Le Missionnaire de l'Oratoire, ou Sermons pour les avents, carêmes et fêtes de l'année par le P. Le Jeune, dit le P. aveugle, Toulouse, 1662, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. III, p. 725)




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