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Ces paisibles lieux


"Oui, j'aime à demeurer dans ces paisibles lieux,
On n'y découvre rien qui n'enchante les yeux,
Et de tous nos palais la savante structure
Cède aux simples beautés qu'y forme la nature:
Ces arbres, ces rochers, cette eau, ces gazons frais
Ont pour moi des appas à ne lasser jamais.
- Je chéris comme vous ces retraites tranquilles
Où l'on se vient sauver de l'embarras des villes."
La Princesse d'Elide, II, 1, v. 327-332

Dans l'Arcadia (1505) de Iacopo Sannazaro, texte fondateur de la tradition pastorale moderne, le héros Ergasto se tient à l'écart de la société de ses pairs, en célébrant les charmes de la nature, opposés à ceux de la civilisation (1).

Au début des années 1660, le motif se retrouve

On le trouve également dans Les Charmes de Félicie (1654) de Montauban, pastorale jouée par la troupe de Molière (5).

Dans la cinquième harangue du deuxième volume des Femmes illustres (1644) des Scudéry, Amarylle cherchait à prouver à Tityre "que la vie champêtre est préférable à celle des villes".


(1)

E chi dubita che più non sa alle umane menti aggradevole una fontana che naturalmente esca dalle vive pietre, attorniata di verdi erbette, che tutte le altre ad arte fatte di bianchissimi marmi, risplendenti per molto oro ?
(Arcadia, Prologo)

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(2)

Je vivais en repos dans un lieu solitaire,
Sans craindre que le sort me pût être contraire,
Et mon coeur affranchi de violents désirs,
Y trouvait aisément de tranquilles plaisirs.
Le bel émail des prés, une fertile plaine,
La fraîcheur des zéphyrs, le bruit d'une fontaine,
Le murmure charmant de cent petits ruisseaux,
Les aimables concerts de mille et mille oiseaux,
D'une paisible nuit le calme et le silence,
Et de l'oisiveté la douce nonchalance,
Enchantant mon esprit dans un si beau séjour,
Me faisaient oublier les charmes de la cour.
(Clélie, V, p. 685-686)

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(3)

Pour elle [la Cour] vous quittez notre innocente vie,
Qui de tant de douceurs avait été suivie :
Pour elle vous quittez ce paisible séjour,
Où règnent pour jamais l'innocence et l'amour.
(Eglogue I, dans les Oeuvres de Mlle Desjardins, p. 2)

Vous connaîtrez alors que nos prés et nos bois
Sont un plus doux séjour que les palais des rois.
(Ibid., p. 5)

Dans un charmant pays éloigné de la Cour,
Dans un beau lieu planté par les mains de l'Amour,
Où l'on voit un torrent par sa chute rapide,
Aplanir des rochers la verte pyramide,
Et creuser un chemin pour se précipiter,
Sur un superbe mont qui veut lui résister ;
Et puis tout glorieux d'une telle dépouille,
Apaiser sa fureur sur les coteaux qu'il mouille ;
Et laisser écouler ses bouillonnantes eaux,
Dans un bois de sapins en mille clair ruisseaux.
Dans ce bocage épais règne une paix profonde,
Que ne troubla jamais le tumulte du monde.
(Eglogue II, p.8)

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(4)

Il n’est rien de si doux que ces aimables lieux,
Ma sœur, l’on n’y voit rien qui ne charme les yeux
[…]
Ici l’on voit des prés toujours semés de fleurs,
Qui brillent de l’éclat des plus vives couleurs,
Cent ruisseaux arrosant ces charmantes prairies,
Paraissent amoureux de leurs rives fleuries.
(Délices de la poésie galante, p. 1-2)

--

(5)

Philinte :
La retraite qu’ils [les bergers] font marque leur jugement,
Ici l’ambition n’a rien qu’elle désire,
Si l’on soupire ici, c’est d’amour qu’on soupire.
(Les Charmes de Félicie, tirés de la Diane de Montemaior, pastorale, Paris, G. de Luyne, 1654, I, 1, p. 2)




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