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Ce traître de Sicilien


"Et ce jaloux maudit, ce traître de Sicilien, me fermera, toujours, tout accès auprès d'elle?"
Le Sicilien, sc. IV

Dans la Relation d'un voyage fait au Levant (1664) de Jean Thévenot, un "mauvais naturel" est attribué aux Siciliens :

Cette île a été sous la domination de beaucoup de sortes de nations, elle a été aux Grecs, aux Carthaginois, aux Sarrasins, aux Français et enfin au Roi d'Espagne, qui y tient un vice-roi, lequel fait sa résidence six mois à Palerme, et six mois à Messine ; ce mélange de tant de nations différentes, desquelles toute la Sicile a retenu quelque vice, a rendu les Siciliens d’un si mauvais naturel comme on les voit aujourd’hui ; ils sont extrêmement fiers, et jaloux, et il n’y a guère de vices dont ils ne soient pas capables ; la vengeance se nourrit de famille en famille jusqu’à des centaines d’années, et comme ils sont extrêmement vindicatifs, ils se défient si fort des Français, à cause de la cruauté des vêpres siciliennes, que mesurant notre naturel au leur, ils ne se persuadent pas que jamais nous puissions oublier un affront, qui jusqu’ici a été sans exemple, et qui nous a coûté un poignard long de deux palmes, et large de trois doigts, et il n’y a pas un artisan dans sa boutique, qui n’ait son poignard au côté, même en travaillant : ils ont l’esprit fort subtil et malicieux.
(p. 7)

Cette réputation résulte de l'épisode des "vêpres siciliennes" auquel fait allusion A. Thevet dans sa Cosmographie de Levant (1554) :

De Candie ayant bon vent, nous fîmes voile en Sicile, laquelle nous vîmes en passant, sans prendre terre. Las ! quand je la vis, je ne me pus contenir de maudire trahison, par laquelle plusieurs fois la France a été mise en grand péril et danger. Car il faut savoir que les Preux Français conquirent cette Île par droit de guerre : mais Envie qui causa trahison, la leur fit perdre avec leur propre vie, quand un jour à ce préfixe, heure de vêpres, furent tous mis à mort secrètement par traîtres à ce députés et apostés dont est reçu en proverbe commun, lorsque nous voulons dénoter quelque exécrable monopole et trahison, de dire : sont les vêpres Siciliennes.
(p. 202)




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