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Ce qui fait que votre fille est muette


"Or ces vapeurs dont je vous parle venant à passer, du côté gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs, qui remplissent les ventricules de l'omoplate ; et parce que lesdites vapeurs... comprenez bien ce raisonnement, je vous prie ; et parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité... [...] Qui est causée par l'âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs... Ossanbabdus, nequer, potarinum, quipsa, milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette."
Le Médecin malgré lui, II, 4

Des raisonnements similaires, fondés sur des explications physiologiques fantaisistes mêlées à des discours d'autorité, se trouvent dans des textes publiés sous le nom de Tabarin :

TABARIN
Mon maître, d'où vient que les femmes pleurent si souvent ? [...]

LE MAITRE
Cela provient de l'inégalité de leur sexe et de leur tempérament avec la tempérie des hommes, et de la bassesse de leur courage, car :
Flere, loqui, nere, statuit Deus in muliere.
Les larmes sont excrémentelles et déchargent grandement le cerveau quand elles fluent par les yeux. La douleur, qui est une des onze passions qui agitent et bouleversent nos sens, fait naître aussitôt en notre imagination un ressentiment de tristesse qui, porté par les conduits des nerfs dans les concavités du cerveau, le compresse et empêche la libre fonction de ses esprits. Cet empêchement et cette compression fait distiller les larmes et les fait couler par les yeux pour témoigner au dehors ce que nous ressentons au dedans.

("Fantaisie et dialogue XXVI, Inventaire universel des oeuvres de Tabarin [1622], éd. de 1858, p. 71)

TABARIN. Pour quelle cause estimez-vous que les femmes sont si craintives ? Vous les voyez, au moindre accident qui leur arrive, serrer les fesses et les hypocondrilles du derrière.

LE MAITRE. La crainte est l'une des passions de l'âme racontée par Aristote en ses morales, procédante d'un courage débile et effeminé, qui, représentant à l'imagination le danger et l'inconvénient futur, attiédit l'ardeur du coeur et le rend inepte à se préparer de lui résister. Ceux qui sont d'un sang froid et qui tiennent d'une nature plus humide sont plus sujets d'être maîtrisés de la crainte [Lire la suite...]
(p. 76-77)

Voir aussi "comme le soleil".




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