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Ce placet est fort long


"- Ce placet est fort long, et pourrait bien fâcher...
- Ah ! Monsieur, pas un mot ne s'en peut retrancher."
Les Fâcheux III, 2 (v. 669-670)

L'usage que fait Caritidès de la langue s'oppose précisément sur plusieurs points au naturel qu'affectionnent les mondains. La lecture de l'entretien de "La langue française" du Père Bouhours, (Entretiens d’Ariste et d’Eugène, 1671) le confirme :

Comme la langue française aime fort la naïveté, poursuivit-il, elle ne hait rien tant que l'affectation. Les termes trop recherchés, les phrases trop élégantes, les périodes même trop compassées lui sont insupportables. Tout ce qui sent l'étude, tout ce qui a l'air de contrainte la choque; et un style affecté ne lui déplaît guère moins que les fausses précieuses déplaisent aux gens de bon goût avec toutes leurs façons et toutes leurs mines.
(p. 54)

Il n'y a rien de plus opposé au langage d'aujourd'hui que les phrases embarrassées, les façons de parler ambiguës, toutes les paroles qui ont un double sens, ces longues parenthèses qui rompent la liaison des choses, le mauvais arrangement des mots lorsqu'on ne garde pas bien l'ordre naturel
(p. 60)

La brièveté lui plaît; et c'est pour cela qu'elle ne peut supporter les périodes qui sont trop longues, les épithètes qui ne sont point nécessaires, les purs synonymes qui n’ajoutent rien au sens et qui ne servent qu’à remplir le nombre.
(p. 61)




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