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Ce coup me transporte


"Parbleu! tu jugeras toi-même si j'ai tort,
Et si c'est sans raison que ce coup me transporte;
Car voici nos deux jeux, qu'exprès sur moi je porte.
Tiens, c'est ici mon port, comme je te l'ai dit,
Et voici."
Les Fâcheux, II, 2 (v. 334-338)

L'opiniâtreté dans le jeu est condamnée

L'importunité des joueurs dans la conversation sera stigmatisée dans les Réflexions sur le ridicule (1696) de Morvan de Bellegarde (3)

Le bon usage du jeu fait l'objet d'un long poème intitulé "Du jeu", publié en 1665 dans les Entretiens et lettres poétiques du Père Le Moyne.


(1)

Que s’il se rencontre que cette personne [de qualité] nous oblige de jouer avec elle, ce qu’il ne faut jamais entreprendre qu’après un exprès commandement ; Il ne faut point témoigner d’empressement dans le jeu, ni d’envie de gagner ; cela marque la petitesse de l’esprit et de la condition ; et même il est bon de s’en abstenir tout à fait, si nous ne sommes pas d’humeur commode dans le jeu, pour mille inconvénients qui en peuvent arriver. […] S’il arrive quelque différend, il ne faut point s’opiniâtrer.
(Courtin, Nouveau Traité de la civilité, p. 190-191)

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(2)

Comme les vents modérés allument agréablement le feu qu'ils éteignent s'ils sont trop violents, les jeux honnêtes sont aussi plaisants et utiles qu'ils deviennent odieux et nuisibles par l'excès. [...] La règle est qu'on ne doit chercher dans les plus licites qu'une honnête récréation qui charme aucunement nos travaux.
(La Mothe le Vayer, Oeuvres III, 2, "Des Jeux" p. 38-39)

(3)

Quel supplice que d'entendre les joueurs parler éternellement de leurs gains et de leurs pertes; faire le détail de tous les incidents qui sont survenus, comme si on y prenait un grand intérêt ; nommer toutes les personnes avec qui ils jouent, et dont ils font exactement le portrait en beau, ou en laid, selon leur caprice. Tous les joueurs ont le même jargon, coupe-gorge, premier pris; il la fait trois fois la main ; il a perdu ou gagné deux cents louis durant la séance , voilà leur style; il ne leur reste que de porter sur eux des jeux de cartes, pour faire la démonstration de tous les coups qu'ils ont joués et de dire, comme le fâcheux de la comédie, en maudissant la divinité qui préside au jeu : Un six de coeur ! deux points !.
("De l'indiscrétion", p. 62)




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