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C'est un bonheur si haut, si relevé


Se voir du bien par delà ses souhaits,
N'est souvent qu'un bonheur qui fait des misérables:
Il n'est ni train pompeux, ni superbes palais,
Qui n'ouvrent quelque porte à des maux incurables;
Mais avoir un amant d'un mérite achevé,
Et s'en voir chèrement aimée;
C'est un bonheur si haut, si relevé,
Que sa grandeur ne peut être exprimée.
Psyché, acte IV, scène 1, vv. 1338-1345.

La même comparaison est présente dans le monologue d'Amarilli du Pastor fido de Guarini :

Ché, se ben dritto miro,
questi beni mortali
altro non son che mali.
Meno ha chi più n'abonda,
e posseduto è più che non possede:
ricchezze no, ma lacci
de l'altrui libertate.
Che val ne' più verdi anni
titolo di bellezza
o fama d'onestate,
e 'n mortal sangue nobiltà celeste;
tante grazie del cielo e de la terra:
qui larghi e lieti campi,
e là felici piagge,
fecondi paschi e più fecondo armento,
se 'n tanti beni il cor non è contento?
(acte II, scène 5)

A juger sainement, tous les biens de ce monde
Sont des plus grands malheurs la source trop féconde
Le plus riche est le plus indigent;
Et par un malheur sans remède,
Lorsqu'il croit posséder son or et son argent,
Il en est possédé plus qu'il ne le possède.

Malgré son faux éclat, et sa légèreté,
On aime la Fortune, on aime ses caresses:
Mais pour ne point flatter la vérité,
Ce sont de beaux liens de notre liberté,
Plutôt que des richesses.

A quoi sert la beauté, la jeunesse, et l'honneur,
Le sang illustre et la grandeur?
On a beau posséder mille et mille héritages,
Avoir des Parcs et des Châteaux,
Nourrir mille et mille Troupeaux
Dans de gras pâturages,
Ce n'est que fumée et que vent,
Si parmi tous ces biens le cœur n'est pas content.
(II, 5, traduction de l'abbé de Torche, 1672)




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