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C'est qu'il est jeune encore


"Il pourrait faire cette injure aux chastes feux de Done Elvire? - Non, c'est qu'il est jeune encore, et qu'il n'a pas le courage."
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 1

Le même reproche était adressé à Don Juan par son père

L'inconstance des jeunes amoureux est un lieu commun de casuistique amoureuse mondaine qu'on retrouve entre autres

Ce lieu commun est parodié dans

L'idée selon laquelle la jeunesse est emportée, en particulier en matière de plaisirs, est énoncée dans


(1)
DON ALVAROS
Je sais bien qu'en votre âge où la chaleur domine
Souvent on ne voit pas approcher sa ruine.
Mais je sais aussi que dans cette saison,
On commence, ou jamais, à chercher la raison.
[...]
DON JUAN
[...]
Que peut-on voir en moi que l'âge n'autorise ?

DON ALVAROS
Quoi ? l'âge t'autorise en tout ce que tu fais !
[...]
L'âge autorise-t-il tes fourbes, tes furies ?
(I, 5)

(2)

Dans la première scène, j'arrive avec le Roi qui me parle du libertinage de Don Juan. Je lui dis : « Il faut, Sire, avoir patience ; quand les jeunes gens deviennent un peu plus âgés, ils changent de conduite ; il faut espérer que cela arrivera à Don Juan ».

(3)

Votre raison est, qu'un homme s'il n'est au-dessous de dix-huit ou vingt ans, ne vous dit rien qu'il n'ait déjà dit à plusieurs, et qu'il ne veuille encore conter à quantité d'autres; qu'il ne faut pas même se beaucoup soucier de ce que les plus jeunes disent, parce qu'ils ne cherchent qu'à faire leur apprentissage d'aimer, et que s'arrêtant aux premières filles qu'ils trouvent, ils étudient près d'elles un rôle qu'ils veulent encore aller jouer ailleurs.
(p. 452)

(4)

Je ne dis pas que l'inconstance soit une vertu, mais je dis qu'un honnête homme, quand il est jeune, peut quelquefois être inconstant sans se déshonorer.
[...]
J'appelle inconstance, reprit Berelise, une certaine incertitude de coeur et d'esprit où les jeunes gens sont plus sujets que les autres. Puisqu'il y a sans doute deux ou trois ans de la vie où ceux qui sont naturellement d'une inclination inconstante, ne trouvent presque rien qui ne leur plaise, et qui ne les attache successivement : car par exemple, si Zenocrate veut dire la vérité, il avouera qu'un très grand nombre de femmes lui ont plu ; qu'il a trouvé de belles brunes, de belles blondes, et qu'il a plusieurs fois dans son coeur senti assez de disposition à avoir de l'amour. Il confessera même je m'assure, qu'il a commencé de le dire à plusieurs belles Personnes ; et qu'il y en a eu aussi quelques autres pour qui il a changé de sentiments devant que d'avoir trouvé occasion de leur parler de sa passion. Je l'avoue ingénument, repris-je, mais après tout, je ne crois pas être infidèle. Vous avez raison, répliqua Berelise, et l'on ne peut sans doute vous accuser que d'une simple inconstance, qui n'a presque rien qui ressemble à l'infidélité. Car comme je l'ai déjà dit, à parler de cette espèce d'inconstance en général, elle vient de ce que ceux qui en sont capables, sont sensibles à tout ce qui leur paraît beau, de ce que tout est encore nouveau à leurs yeux, et à leur esprit ; de ce qu'ils cherchent le plaisir sans peine ; de ce qu'ils ont quelque irrésolution dans l'esprit qui les empêche de choisir et de s'attacher ; de ce que la première jeunesse et l'inconstance ont quelque rapport ensemble.
(p. 985-986)

(5)

ISABELLE
Quoi, Seigneur Don Juan, vous courez Béatris ?

JODELET
Je voulais tant soit peu m'ébaudir les esprits.

ISABELLE
Je ne vous croyais pas de si peu de courage.

JODELET
Ce sont jeux de garçon qui passent avec l'âge,
(IV, 4, éd. de 1664, p. 71).

(6)

Eularia arrive, qui me reproche de m'amuser à une fille suivante; je lui réponds qu'il faut qu'elle passe cela à ma jeunesse.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 383)

(7)

J'avoue que la jeunesse a des emportements qu'on ne saurait assez condamner, ce qui fait qu'Aristote n'a pas feint d'écrire que, contrevenant au précepte du sage Chilon, les jeunes gens font toutes choses avec excès, omnia nimis agunt.
(p. 55).

(8)

Les jeunes gens, dans l'esprit desquels domine la primogéniture des sens, du goût et de l'attouchement, ne reconnaissent point d'abord aucun bien ni aucun mal que celui qui contente, ou qui blesse ces mêmes sens; mais il arrive qu'insensiblement après que l'écume des premiers bouillons de la jeunesse est passée, ils s'aperçoivent peu à peu que le venin des voluptés sensuelles est en la queue, qu'elles ne durent pas toujours, qu'elles ont leurs propres dégoûts en leur excès; et quoi qu'elles soient communes à toutes les brutes comme à eux, il doit y avoir quelque autre espèce de plaisir, que celui des sens, qui soit et plus durable et particulier à l'homme seulement, vu l'excellence de sa nature au-dessus de celle de tous les autres animaux.
(p. 145-146)

(9)

Chaque âge a sa passion dominante; le plaisir cède à l'ambition, et l'ambition cède à l'avarice. Une jeunesse emportée ne songe qu'à la volupté ; l'esprit étant mûri tout à fait, on veut pousser sa fortune et on s'abandonne à l'ambition ; enfin dans le déclin et sur le retour, la force commence à manquer; pour avancer ses desseins, on s'applique à conserver ce qu'on a acquis, à le faire profiter, à bâtir dessus, et on tombe insensiblement dans le piège de l'avarice.
(p. 475)

(10)

DON ALVAROS
Je sais bien qu'en votre âge où la chaleur domine
Souvent on ne voit pas approcher sa ruine.
Mais je sais aussi que dans cette saison,
On commence, ou jamais, à chercher la raison.
[...]
DON JUAN
[...]
Que peut-on voir en moi que l'âge n'autorise ?

DON ALVAROS
Quoi ? l'âge t'autorise en tout ce que tu fais !
[...]
L'âge autorise-t-il tes fourbes, tes furies ?
(I, 5)

Vois-tu bien, la jeunesse est bouillante et peu sage.
(IV, 2)

(11)

DON ALVAROS
Je sais qu'il est des temps où la chaleur de l'âge
A quelques libertés peut porter un courage.

[...] DON JUAN

[...]
Vous songeriez ailleurs et n'outrageriez point
Un fils que vos discours choquent au dernier point,
Et qui n'entreprend rien que l'âge n'autorise.

DOM ALVAROS

Ce propos insolent a mon âme surprise :
Quoi ! l'âge t'autorise en tes lâches desseins ?
Que je plains ta manie ! hélas, que je la crains !
Esprit pernicieux, sont-ce là tes pensées ?
Des filles de maison surprises et forcées,
Mettre crime sur crime en un même moment,
L’âge te le peut-il permettre impunément ?
L'âge autorise-t-il des forfaits si damnables ?
(I, 5)

(12)

Il faut que certain feu de la jeunesse passe.
Mais dès que la raison aura repris sa place,
Que l'âge aura mûri cet esprit si charmant,
Dont vous n'avez connu que le dérèglement,
Vous trouverez en lui tout ce qu'on y désire,
Car il est vertueux au fond, et c'est tout dire.
(I, 4, p. 36)




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