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Avoir de l'esprit


"Mon Dieu, Madame, marchons là-dessus, s'il vous plaît, avec beaucoup de retenue; il est dangereux dans le monde de se mêler d'avoir de l'esprit. Il y a là dedans un certain ridicule qu'il est facile d'attraper, et nous avons de nos amis qui me font craindre leur exemple."
La Comtesse d'Escarbagnas, sc. 1.

Dans le quatrième des Entretiens d'Ariste et d'Eugène (1671) intitulé "Le Bel esprit", Dominique Bouhours regrette que cette notion soit désormais galvaudée :

Si cette beauté d'esprit que vous vous imaginez est fort rare, dit Eugène, la réputation de bel esprit est assez commune: il n'y a point de louange qu'on donne plus aisément dans le monde; il me semble même qu'il n'y a point de qualité qui coûte moins à acquérir. On en est quitte pour savoir l'art de faire agréablement un conte, ou de bien tourner un vers; une folie dite de bonne grâce, un madrigal, un couplet de chanson, est assez souvent le mérite par lequel on s'érige en bel esprit; et vous m'avouerez que ce n'est guère que de ces diseurs et de ces faiseurs de jolies choses, dont on a coutume de dire, Il est bel esprit.
(p. 191).

(voir également "Il n'y a rien à meilleur marché que le bel esprit" et "Du nom de bel esprit").




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